Rien ne justifie le sang d’un frère (ou le refus de la peine de mort)
L’an passé, le 16 octobre, nous nous trouvions à Montségur pour poser un regard rétrospectif sur le drame des bûchers sur lesquels ont été brulés vifs, en 1244, nombre de croyants jugés hérétiques et refusant d’abjurer leur foi. Nous avions choisi alors de citer les paroles que le Pape François adressait aux jeunes à Cracovie en juillet 2016 lors d’une période marquée par des attentats sanglants et l’assassinat du Père Jacques Hamel : « Chers amis, je vous invite à prier ensemble afin qu’une fois pour toutes, nous puissions comprendre que rien ne justifie le sang d’un frère, rien n’est plus précieux que la personne que nous avons à côté. »
Ces derniers jours notre Pape est revenu sur la question de cette inviolabilité, ou sacralité, de toute vie humaine en demandant à ce que l’on puisse revoir la formulation du Catéchisme de l’Église Catholique qui semble légitimer, en certaines circonstances, la peine de mort. (« L’enseignement traditionnel de l’Église n’exclut pas, quand l’identité et la responsabilité du coupable sont pleinement vérifiées, le recours à la peine de mort, si celle-ci est l’unique moyen praticable pour protéger efficacement de l’injuste agresseur la vie d’êtres humains » CEC n°2267)
Comment en effet nos appels au respect de la vie, dès sa conception et jusqu’à son dernier souffle, pourraient-ils être crédibles si, dans le même temps, nous continuons à défendre l’idée que des humains perdraient cette dignité inaliénable en raison de certains de leurs actes ? N’existe-t-il pas toujours d’autres moyens de se protéger d’un injuste agresseur que l’élimination pure et simple ?
L’approfondissement théologique et le sens de la foi des fidèles ont conduit, tout au long de l’histoire de l’Église, à des évolutions de la formulation des appels évangéliques. Nous nous trouvons, sur cette question de la peine de mort, à l’un de ces moments clés.
À l’heure où certains de nos frères sont assassinés en raison de leur foi, particulièrement parmi les chrétiens d’Orient, le pape François nous dit que la peine de mort est « inadmissible, quelle que soit la gravité du délit du condamné. C’est une offense à l’inviolabilité de la vie et à la dignité de la personne humaine qui contredit le dessein de Dieu pour l’homme et la société, et sa justice miséricordieuse. »
+ Jean-Marc Eychenne – Évêque de Pamiers, Couserans et Mirepoix
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