Se former au discernement et à l’accompagnement spirituel.
Depuis plusieurs années, en lien avec la Compagnie de Marie-Notre Dame , de spiritualité ignatienne) et avec le centre spirituel jésuite de Coteaux Païs, notre diocèse propose une formation au discernement spirituel. Certaines des personnes ayant suivi première étape sont parfois orientés vers une formation à l’accompagnement spirituel.
Ce très bon article du quotidien La Croix, permet de prendre un peu la mesure de ce qui se joue là pour la vie de notre Église, et de l’importance qu’il y a à se former sérieusement sur ces question, pour ne surtout pas être dans l’exercice d’un pouvoir ou d’une emprise. La posture ne peut être qu’humble et servante, ordonnée à la rencontre personnelle et libre d’une personne avec son Seigneur.
Pour contacter les responsables de cette formation dans notre diocèse : lien
Les accompagnateurs spirituels questionnent leurs pratiques
(Christophe Henning – Journal du mercredi 11 mars 2020)
Alors qu’ont été révélées des situations d’abus – notamment commis par Jean Vanier –, deux cents accompagnateurs se sont retrouvés à Paris, le 7 mars, pour tenter de définir les règles de l’écoute spirituelle. Si la relation asymétrique peut favoriser un risque d’emprise, la supervision des pratiques donne un cadre à l’accompagnement.
« Où est ton frère ? » C’est par ces mots que Mgr Benoist de Sinety est intervenu lors de la journée de réflexion autour de l’accompagnement spirituel organisé par le diocèse de Paris, samedi 7 mars. Le vicaire général a insisté : « L’Église a une mission universelle d’accompagnement de tous les chrétiens qui le souhaitent. » C’est pour réfléchir à la manière d’accompagner que deux cents personnes, prêtres, diacres, laïcs, se sont retrouvées dans la crypte de l’église Notre-Dame-des-Champs.
Loin du bourdonnement du boulevard du Montparnasse, les intervenants sont entrés dans la complexité de l’accompagnement spirituel qui n’est ni du coaching, ni une psychothérapie. « Répondre à la demande d’un accompagné, c’est prendre soin de sa relation à Dieu », confiait Mgr de Sinety qui, alors aumônier d’étudiants, se souvient des jeunes qui voulaient un « père spi ».
Qu’attendent ceux qui cherchent un accompagnement ? Difficile à dire, tant les demandes peuvent être diverses. Pour ce religieux, l’accompagnement est un appui essentiel pour baliser son chemin dans la foi. Anne-Marie, elle, accompagne, dans le cadre du catéchuménat, des trentenaires vers le baptême, mais n’a pas trouvé une oreille disposée à l’accompagner personnellement. Pourtant, des chrétiens se forment pour répondre à la demande, des laïcs notamment.
Le père Benoît Bourgoin, prêtre du diocèse de Paris et initiateur de la journée, le rappelait : « Si je fais de l’écoute, c’est parce que j’en ai le goût, le don, et que j’ai été appelé à ce service. » Pour faire face à la demande, il n’y a pas que les prêtres – pas toujours les mieux formés d’ailleurs : religieux, religieuses et laïcs développent une capacité d’accompagnement qui pourrait répondre aux demandes en hausse.
Fixer les règles, donner des pistes, et proposer des formations : « Il n’y a rien de plus dangereux que de penser que nous savons faire », poursuit le père Bourgoin, qui insistait aussi sur la mise en œuvre d’une supervision, cette relecture régulière des pratiques. Le père Bernard Pitaud, sulpicien, insistait : « Accompagner n’est pas de l’ordre du savoir, mais du savoir-faire, de l’expérience. »Une question d’oreille, sachant qu’il y a toujours, pour l’accompagnateur, « du parasitage sur la ligne, les filtres de son propre cheminement ».
Qu’est-ce qui se joue dans cette écoute ? « L’accompagnateur souhaite d’abord la liberté de l’autre, que la personne puisse dire “je” »,poursuit le père Pitaud. Ce cheminement dépend de ce qui a poussé l’accompagné à entamer une démarche : est-il confronté à une épreuve, deuil, maladie, séparation ? Doit-il engager un choix de vie, vocation, orientation professionnelle ? Veut-il avancer dans la foi ? « Tout le monde souhaite être accompagné et personne ne sait ce que c’est », lâche un prêtre. Au-delà de la boutade, c’est l’écho d’une réalité : l’accompagnement s’invente entre celui qui écoute et celui qui cherche, pour percevoir « les traces de Dieu à l’œuvre ».
Accéder à une intériorité plus grande, voilà l’enjeu. Une démarche qui peut conduire l’accompagné à se dévoiler : « Il doit pouvoir tout dire, aller jusqu’au bout de ce qu’il est, sans être jugé », rappelle le père Pitaud. C’est dire l’infini respect dont doit faire preuve l’accompagnant.
Comment l’accompagnateur ne risquerait-il pas de se sentir tout-puissant face à la personne qui se livre ? L’actualité récente et les abus dont Jean Vanier a pu se rendre coupable, venant après de nombreux autres cas, en sont la cruelle démonstration.
Accompagnant-accompagné, parent-enfant, enseignant-élève… « Il y a toujours une question d’emprise dans une relation asymétrique, souligne Jean-Guilhem Xerri, psychanalyste et chroniqueur dans La Croix. Le risque d’abus survient lorsqu’il y a “empiétement”…» Une emprise d’autant plus aisée quand l’accompagnateur semble un modèle, une référence. « De fait, il y a trois ”personnes” dans la relation pathologique, la victime, l’abuseur, et l’environnement qui permet l’emprise. » Les effets destructeurs sont profonds : « Dans les cas d’abus, tient à rappeler Jean-Guilhem Xerri, l’accompagnateur fait en sorte de détruire la liberté de l’autre. »
repères
L’accompagnement spirituel
Qui peut être accompagné ? Tous les baptisés peuvent être accompagnés. Il n’y a pas de statistiques officielles du nombre d’accompagnés et d’accompagnants.
À quel rythme ?Normalement, c’est une rencontre mensuelle. Parfois plus, parfois moins, dans le cadre par exemple d’une retraite annuelle.
Combien peut-on accompagner de personnes ? Un accompagnateur à plein temps ne devrait pas accueillir plus d’une dizaine de personnes par semaine. L’équilibre d’un accompagnateur occasionnel se fait autour de six à sept personnes par mois.
Combien de temps dure la rencontre ? L’entretien dure généralement une heure, en fonction des questions abordées. Il est important de poser un cadre à la rencontre.
La revue Christus propose un bon numéro (n° 265 de janvier 2020 – lien) sur la question suivante : Pour un accompagnement sans emprise.
Quand elle est fondée sur de mauvaises bases, toute relation d’accompagnement court le risque d’une dérive, à des degrés divers : d’une forme de dirigisme de la conscience à l’emprise pure et simple. L’accompagnateur n’a pas pour rôle d’interférer dans la relation intime entre l’accompagné et son Seigneur mais d’aider à la mettre en lumière. C’est le Seigneur qui guide et accompagne.
Actualité
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Bonne lecture !