L’éloge de la marche
L’arrivée (tardive) des beaux jours va pousser nombre d’entre nous à ressortir leurs chaussures de marche pour parcourir à nouveau chemins et sentiers. Pourquoi ce besoin qui apparaît parfois irrépressible ?
Il semble que nous redécouvrions aujourd’hui que de toutes les activités, la marche est peut-être celle qui nous ouvre le mieux à la vie intérieure. Non pas une marche qui serait recherche de vitesse et de performance, mais une marche qui au contraire nous éloigne de ces logiques mortifères ; ou encore de nos ruminations et préoccupations habituelles. Dans ce cas elle peut nous aider à nous retrouver nous-même et à retrouver un rapport au monde et aux autres plus sain (et saint…).
Pythagore disait déjà : « Délaisse les grandes routes, prends les sentiers ». Jean-Jacques Rousseau, quant à lui, écrivait : » Jamais je n’ai tant pensé, tant existé, tant été moi-même, si j’ose dire, que dans les voyages que j’ai fait seul et à pieds »
Disant cela nous viennent à l’esprit les visages de ces pèlerins qui, empruntant le chemin du Piémont, passent en Ariège, faisant route vers Compostelle. Souvent solitaires, ils sont dans une quête dont eux seuls ont le secret. Mais nous pourrions aussi parler de ces marcheurs, de quelques heures ou quelques jours, qui dans cet effort qui livre l’âme au corps, font l’ascension de crêtes ariègeoises pour atteindre un lac d’altitude, un refuge de berger, ou un sommet symbolique, comme le Pic des Trois Seigneurs. Tous semblent chercher quelque chose. Ou peut-être quelqu’un, qui sait…
Nous sommes les disciples de celui qui a déclaré « Je suis le chemin, la vérité, la vie. » (Jn 14,6) Poser nos semelles sur un sentier, ne nous aiderait-il pas à y voir plus clair sur le sens de notre vie, et à reprendre en main l’Évangile auquel nous découvririons alors une saveur nouvelle ?
« Et quand vos jambes seront fatiguées, cheminez avec le cœur. » ( Saint Jean-Paul II)
+ Jean-Marc Eychenne – Évêque de Pamiers, Couserans et Mirepoix
Deux liens pour approfondir la réflexion :
Un pied devant l’autre – Jacques Munier
