Face à la révélation de l’ampleur des abus

par | 17/10/2021

 

L’amour du Christ nous appelle avec urgence !

Cette affirmation nous vient de Saint Paul (2 Cor 5, 14). « Caritas Christi urget nos ». Nous pourrions la traduire et l’interpréter ainsi : l’amour du Christ, nous saisit, nous presse avec urgence, de nous tourner avec Lui et par Lui, vers les plus petit les plus fragiles, les plus blessés.

Certains de ceux qui se présentaient comme disciples de Jésus ne se sont pas tournés vers les plus petits pour les servir, les aider à grandir, les secourir, mais pour les blesser et porter atteinte à leur intégrité. Dans leur fragilité certains ont rencontré non pas des serviteurs, images du Christ Serviteur, mais des criminels. Une fois blessés, agressés, ces personnes auraient eu besoin d’être protégés, entendus, écoutés. Et souvent – trop souvent – elles se sont heurtées à l’indifférence et au silence de ceux qui auraient pu les aider à ce que justice leur soit rendue, tout en leur proposant un soutien sur leur chemin de reconstruction.

Une des causes de tels drames, outre les puissances de ténèbres et de mort qui traversent notre humanité et nos institutions, tient à un très important déficit d’une capacité, commune et structurelle, à écouter la voix de chacun, et particulièrement de ceux qui habituellement ne comptent pour rien, ou n’ont aucunement « voix au chapitre ».

La question que nous pose alors le Pape François dans une vaste consultation (synode), en nous demandant de nous laisser éclairer par l’Esprit, est assez simple : comment pourrions-nous modifier notre manière de vivre en Église et de nous organiser, afin que la parole du plus grand nombre puisse être prise en compte ? Comment cesser d’orienter nos choix en nous appuyant seulement sur le point de vue de quelques-uns, jugés « éclairés » ?

Écouter, et écouter encore….

Nous engager résolument dans ce chemin de conversion communautaire pourrait-être une des réponses les plus adéquates à cette terrible crise de la révélation des abus. Cette « lumière noire » pourrait alors nous conduire vers une issue débouchant sur la confiance restaurée.

Le Pape François, nous a offert trois mots lors de l’ouverture romaine du synode le dimanche 10 octobre : écouter, rencontrer, discerner. Oui, nous allons, dans les semaines et les mois qui viennent, vivre d’écoute, de rencontres, et par là discerner ce que l’Esprit du Seigneur veut de nous aujourd’hui. Le Seigneur donne à chacun et chacune d’entre nous une part de sa lumière. Ces parcelles de lumière, germes de l’Esprit, semences du Verbe, mis ensemble, devraient nous permettre d’accéder à une heureuse lumière. Il ne s’agira pas (sinon ce serait un échec) d’une œuvre purement humaine, idéologique, mais de l’œuvre de Dieu.

Que la consultation synodale, dans toutes nos rencontres familiales, communautaires, paroissiale, soit réellement notre priorité. Que ce soit aussi le centre de notre attention priante. Il en va de l’avenir de notre Église. Dans la foi nous savons qu’elle ne disparaître pas, mais nous ne voudrions pas qu’elle reste trop longtemps dans un exil si douloureux.

+ Jean-Marc Eychenne – Évêque de Pamiers, Couserans et Mirepoix