Cathédrale Saint-Lizier : 900e Anniversaire de sa « Dédicace »

par | 28/11/2017

 

Cathédrale Saint-Lizier (1117 – 2017)

900e Anniversaire de sa « Dédicace »

« Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre. »

Tel est le cri de l’Évangile qui retentit au cœur de notre Église rassemblée en ce jour béni du dimanche 12 novembre dernier où nous commençons autour de notre Évêque, Mgr Jean-Marc Eychenne, à célébrer l’anniversaire de la « Dédicace » par laquelle notre Cathédrale a été consacrée à Dieu il y a 900 ans.

Bien loin d’être un simple paraphe sur la page de garde d’un beau roman ou même d’un grand livre d’histoire, « la Dédicace » que nous célébrons : c’est « l’œuvre de Dieu » inscrite dans la pierre, et plus encore, c’est « l’œuvre de Dieu » dans chacune de ces âmes qui sont sorties de chez elles tout au long de ces neuf siècles d’histoire, pour venir à sa rencontre en ce lieu saint.

L’anniversaire de la consécration de notre Cathédrale nous renvoie à notre propre consécration, au jour de notre baptême, où nous avons nous-mêmes été « oints » avec l’huile sainte, le Saint Chrême, comme les pierres des murs et de l’Autel de la Cathédrale ont été oints.

De la même manière qu’une fois l’huile ayant pénétré notre peau ne peut plus en être séparée, de même, Dieu par cette onction sainte avec le Saint- Chrême sur notre front s’est uni à nous pour l’éternité.

Nous sommes alors devenus « temple vivant de Dieu », « Pierre vivante » de l’Église.

Depuis ce jour, nous sommes appelés à revenir sans cesse à la source de cette « Consécration » par l’« Onction » pour vivre pleinement cette relation d’Amour que Dieu, « Notre Père » veut entre lui et chacun de nous. Une relation que Dieu n’a de cesse d’emplir de grâce, de Miséricorde, de tendresse et de Confiance.

C’est ce que notre Évêque nous a rappelé dans son homélie (ci-dessous, prêchant avec la crosse du trésor dite de Saint-Lizier).

Mais revenons à la Liturgie de la Dédicace. Parmi tous ses rites, une fois que l’édifice et l’assemblée ont été aspergés par les eaux bénies, que les reliques des saints ont été scellées dans l’autel, que celui-ci puis les murs de l’église ont été oints avec l’huile sainte du Saint Chrême, tout est alors encensé (Autel, croix de la consécration, murs, peuple de Dieu rassemblé) pour signifier que désormais, de chaque mur de pierre et de chaque « pierre vivante » doit sans cesse s’élever vers le ciel en prière la louange de Dieu qui reviendra sur nous pour nous envelopper de Sa Grâce.

Alors, l’Évêque, un cierge allumé à la main, dit :

« Que resplendisse dans l’Église la lumière du Christ afin que viennent tous les peuples à la plénitude de la vérité ! »

La page d’Évangile de ce jour nous le dit. C’est au cœur de la nuit, tandis que plus aucune des âmes ne semble l’attendre, que l’Époux arrive. Toutes se sont endormies. Il n’y a que la voix, celle du veilleur qui, elle, est bien éveillée et fait retentir son cri :

« Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre. »

Depuis neuf siècles, combien de nuits ont connu les âmes liçéroises, couserannaises et ariégeoises ? Combien de nuits avons-nous connues ? N’en connaissons-nous pas encore aujourd’hui ?

Mais au cœur de chacune d’entre elles, par la consécration de notre Cathédrale, l’Époux vient pour nous faire entrer dans la salle des noces de sa joie. Il vient pour renouveler en chacun la grâce d’une naissance nouvelle, d’un nouvel enfantement :

« La Grâce de notre Cathédrale ! »

Oui ! La Grâce de notre Cathédrale est bel et bien une « Grâce de ré-enfantement », celle d’une « nouvelle naissance » dans le Christ, par l’Église.

Il y a neuf siècles cette église a été construite, de par la volonté de Jourdain 1er, alors évêque de cette terre du Couserans, à l’emplacement d’un oratoire lui-même édifié sur le lieu présumé du tombeau de Saint Lizier.

Le saint patron de cette cathédrale et de ce Diocèse du Couserans était un immigré, venu de la terre étrangère de Lusitanie (le Portugal actuel) et arrivé en cette terre d’Ariège pour on ne sait quelle raison et dans le dénuement.

Depuis la nuit de la Nativité à Bethléem, Dieu nous a révélé qu’il accomplit toujours son œuvre de Salut dans la nuit d’une terre de pauvreté de cœur, d’humilité et de fragilité, jamais sous les projecteurs et les éclats des cœurs qui ont soif de reconnaissance, d’hégémonie et de pouvoir.

Oui ! Immigré, en terre étrangère, c’est toutefois, ici que renaissant à lui-même, Lizier en est devenu le 1er Évêque, pasteur de l’Église, du peuple de Dieu, pour présider à l’enfantement d’une multitude de nouvelles naissances dans et par la Foi.

« Que resplendisse dans l’Église la lumière du Christ afin que viennent tous les peuples à la plénitude de la vérité ! »

Ce que Dieu nous accorde de célébrer avec joie, il nous donne de le vivre gratuitement depuis neuf siècles. Aujourd’hui, il nous demande non pas de nous installer dans ce don, mais d’en être des témoins infatigables. Autrement dit, de « sortir » à sa rencontre, lui qui est présent en tout homme, et de devenir des porteurs de la grâce d’une nouvelle naissance pour tant d’hommes et de femmes en attente.

Non ! Le Saint- Chrême, l’huile Sainte de notre consécration à Dieu qui est l’Assurance de sa Miséricordieuse et Paternelle présence à nos côtés ne soit pas évaporée. Dieu ne cesse jamais de se chercher des enfants qui se laissent aimer !

C’est pour cette raison que nous allons continuer, en différentes occasions et de différentes manières, à célébrer l’anniversaire de ce « Don de Dieu » qu’est la Consécration de notre Cathédrale tout au long de cette année.

Nous aspirons à œuvrer à ce que la « Grâce de notre Cathédrale » s’étende, soit contagieuse, et touche des cœurs de plus en plus nombreux. Que tous prennent conscience de cette « source de grâce » et puissent y venir puiser, à commencer par nos frères des autres secteurs paroissiaux du Couserans. Pour quelle raison, nous ne pouvons le dire précisément, mais Dieu l’a voulu ainsi dans sa souveraine liberté. La source est à Saint-Lizier.

Ainsi d’une « idée » avec la présidente de l’association des « Consorani » a germé un projet de donner à vivre au plus grand nombre quelque chose de la « grâce » de la consécration de notre cathédrale en faisant revivre un temps notre Cathédrale à l’époque de sa Dédicace en 1117. Et cette toute petite goutte d’eau est devenue petit cours d’eau, ruisseau puis rivière…

Aujourd’hui, c’est plus de 20 Associations (dont les « Consoranis », « Autrefois le Couserans », « les Métiers d’Ars de Saint-Lizier ») une centaine d’artisans et d’artistes (tailleurs de pierres, maîtres verriers, compagnons du devoir, sculpteurs, ébénistes, enlumineurs, éleveurs etc.…), tous les organismes territoriaux (de la mairie jusqu’à la communauté de communes en passant par l’Office de tourisme de Couserans-Pyrénées), et tous les médias locaux qui se sont investis.

« Le But ! »

Que nous vivions, l’espace du week-end des 09 et 10 décembre quelque chose de la Cité de Saint-Lizier au XIIe siècle, époque de la construction de notre Cathédrale « Phare immortel du Couserans ».

Et que nous célébrions, tous ensemble et plus nombreux encore, lors de la Messe solennelle qui sera célébrée le dimanche 10 décembre à 15 heures, la « Grâce de la Consécration » de notre Cathédrale.

Père Éric Pouvaloue, curé-archiprêtre de Saint-Lizier