Merci, Pape François !

Plus de 300 ariégeois se sont retrouvés le jeudi 24 avril à la Cathédrale autour de leur évêque Mgr Benoît Gschwind pour une messe d’action de grâce pour le pontificat du Pape François. Voilà l’homélie de notre évêque pour cette circonstance particulière de la vie de l’Église.

Frères et sœurs,

Nous sommes dans l’octave de Pâques et l’Évangile de ce jour n’est pas autre que la suite de celui que nous avons entendu hier. Les disciples qui reviennent d’Emmaüs racontent leur rencontre avec le Ressuscité. Ils ont besoin de ce rendez-vous avec la communauté des disciples, avec leur communauté, pour se raconter ce que les uns et les autres ont vécu depuis le jour de la résurrection, depuis ce jour du tombeau vide et de la pierre roulée !

Ils ont besoin de ce rendez-vous avec Jésus qui les appelle : « Touchez-moi, regardez ! » et qui les envoie à toutes les nations en commençant par Jérusalem, c’est-à-dire chez eux !

Frères et sœurs, lorsque l’un des nôtres s’en va, c’est toujours, pour celles et ceux qui restent une aventure spirituelle qui commence. Le décès du pape François ne peut déroger à cela. Depuis lundi, c’est une aventure humaine et spirituelle que l’Église tout entière est appelée à vivre, entrainant dans le même sillage une bonne part de l’humanité marquée par ce Pape respirant l’Évangile. Oui, le pape François a marqué notre humanité par son humilité et par sa simplicité profondément évangélique.

Je pense à lui à chaque seconde. Il fait partie des gens qui m’ont inspiré. Il a guidé ma vocation ! Combien d’hommes et de femmes évoquent avec des mots semblables à ceux de ce séminariste espagnol le souvenir du Pape François ? Même des non-croyants disent combien ce Pape a rapproché d’eux l’Église, le Christ et l’Évangile !

François voulait une Église pauvre pour les pauvres… Il dénonçait le fait que des hommes soient obligés de quitter leur terre pour vivre, et pour survivre… Il montrait du doigt la nécessité du dialogue rappelant sans cesse que l’unité est toujours supérieure aux conflits ! Il a déployé le concept de l’écologie intégrale qui touche à l’ensemble de notre manière de vivre. Tout est lié, disait le Pape François, développant l’intime relation entre les pauvres et la fragilité de la planète et appelant à un nouveau style de vie refusant la culture du déchet.

Toute sa vie, le Pape François a eu le souci des périphéries. Et cela a commencé très tôt, dans sa famille qui faisait partie des périphéries, et qui vivait aux périphéries. Fondée par un religieux assomptionniste, les Petites Sœurs de l’Assomption dont la vocation est de rejoindre les périphéries de l’Église et du monde ont pris soin de sa famille. La manière dont les Petites Sœurs de l’Assomption se sont occupées de sa famille a profondément marquée le Pape François.

Quand je l’ai rencontré en septembre 2024, au moment de la formation des nouveaux évêques, je me suis présenté à lui, en évoquant que j’étais religieux assomptionniste. Ses yeux se sont mis à pétiller quand j’ai dit que j’étais de la même famille religieuse que les Petites Sœurs de l’Assomption.

François a appelé l’Église à une véritable conversion pastorale, nous appelant à sortir sur les parvis, à rejoindre le monde, à redécouvrir la synodalité comme manière essentielle de faire Église… Son sourire, sa parole directe et sa proximité avec les personnes blessées par la vie resteront gravés à jamais dans les cœurs des hommes et des femmes de bonne volonté.

François a été un prophète pour notre monde et pour notre Eglise. Mais, comme tous les prophètes, il n’a pas toujours été compris ou accepté. Son souci des pauvres, des migrants, des périphéries, son souci de l’écologie et de l’avenir de notre planète, son appel constant à la miséricorde, ses appels vibrants à la paix dans le monde et entre les peuples, son souci de la fraternité… Tout cela a pu déranger, mais a, dans le même élan, rendu le Pape François tellement proche de celles et ceux qui étaient loin de l’Evangile.

L’héritage spirituel est immense. Avec François, le visage et le style de l’Eglise ont changé, mais pas la doctrine, ni l’Évangile ! François a eu le souci de l’Unité des chrétiens jusque dans ce chantier qu’il a ouvert pour que la date de Pâques soit un jour commune à tous les chrétiens. Il a eu le souci de l’unité des chrétiens autour de l’Eucharistie. Sa vie était ancrée dans le Christ.

Chacun de nous devrait pouvoir prendre le temps de relire ses exhortations apostoliques et ses Encycliques. Je n’en citerais que deux, pour réveiller votre curiosité, et qui, à mon avis, devraient avoir été lues par tous les baptisés :

Laudato Si ! Encyclique majeure du Pape François sur les questions d’écologie et de sauvegarde de notre planète. Pendant ma visite pastorale à Moulis, dans le Couserans, j’ai eu beaucoup de joie à échanger avec la directrice du laboratoire de recherche du CNRS sur cette encyclique. Les propos du Pape François sont très loin d’être délirants : Nous sommes allés trop loin.

Christus Vivit ! Exhortation apostolique destinée aux jeunes. François parle aux jeunes ! Il nous parle de la jeunesse ! Il parle aussi de la nécessaire jeunesse de l’Église ! « Demandons au Seigneur, écrit-il, de délivrer l’Église des personnes qui veulent la faire vieillir, la scléroser dans le passé, la figer, l’immobiliser. L’Église est jeune quand elle reçoit la force toujours nouvelle de la Parole de Dieu, de l’Eucharistie, de la présence du Christ et de la force de son Esprit chaque jour ! »

Merci Pape François d’avoir sans cesse rappelé à la paix les peuples qui s’affrontaient !

Merci d’avoir été le Pape des actes, des mots et des formules à la saveur de l’Évangile.

Merci de nous avoir fait grandir dans l’amitié avec le Christ dont votre prédécesseur le Pape Benoît aimait tant parler.

François, que le Seigneur vous accueille auprès de lui et qu’il vous révèle la clarté de son visage !

Amen !