Le si beau village de Lézat-sur-Lèze a la particularité d’avoir une église ouverte tout le long de l’année, sept jours sur sept. Tous les dimanches, les paroissiens lézatois, ainsi que ceux des autres communes, peuvent venir se recueillir lors de messe dominicale du Père Jean-Marcel. Mais au-delà de la vie religieuse, l’église Saint Jean-Baptiste a un riche passé et si vous venez la visiter, vous ne pourrez qu’admirer les tableaux, statues, fresques murales, autels, retables, bustes reliquaires et autres mobiliers remarquables.
Afin que toute personne entrant dans ce lieu puisse s’y intéresser, un nouveau livret (édité en 2022) vous servira de guide lors de votre visite.
La mémoire collective s’effaçant lorsque des bâtiments sont démolis, seules quelques traces du passé relatent la présence de l’Abbaye Saint-Pierre de Lézat, qui fut démantelée à la Révolution. Les moines sont expulsés, les archives sont brûlées, les pierres des murs sont vendues par lots…
Mais une partie du mobilier a été sauvée et transférée à l’église paroissiale. Les boiseries en bas-relief de l’abbaye se trouvent dans la chapelle Saint-Antoine le Grand. Une superbe toile, « Le Couronnement d’Epines » (réplique de l’œuvre du peintre Titien exposée au musée du Louvres) a été offerte par Napoléon III au village de Lézat en 1868. Un somptueux retable en pierre polychrome du 16e se trouve dans la chapelle de Notre-Dame de la Pitié. Des fresques murales très anciennes se situent dans la nef et le chœur. Le « Trésor » de Lézat, constitué de bustes reliquaires, de statues, de dais, est visible dans la partie la plus ancienne de l’église et protégé par des grilles. Tous les samedis après-midi, la cérémonie de la dent de Sainte-Apollonie, qui guérit des maux dentaires, accueille les jeunes enfants et leur famille.
La ferveur religieuse est restée très présente au village, mais de nombreux visiteurs viennent la visiter pour sa beauté. Cette église est classée aux Monuments Historiques.


1 – Janvier 2023
L’église et son TRÉSOR
Ce village ariégeois bénéficie d’un emplacement exceptionnel aux portes de la vallée de la Lèze. La beauté du lieu va de pair avec son riche patrimoine, comme ses couverts et ses maisons à colombages.
Derrière des grilles protectrices, le « Trésor de Lézat » est visible dans la chapelle de la Trinité, qui est la plus ancienne de l’église.
Constitué de bustes reliquaires, de coffres contenant des reliques, des statues et des dais de procession, ce sont les vestiges d’une partie du mobilier de l’ancienne abbaye détruite à la révolution française.
Les bustes reliquaires de St Cyprien, Ste Claire, St Blaise, Ste Elisabeth, St Vincent, St Evêque, St Aubin, St Georges et St Louis sont restés en très bon état.
La statue de St Joseph et de son fils Jésus date du 17e et « La Pietà », avec son si beau visage, retrouvée dans l’église lors de travaux en 1962, est datée du 16e siècle.
En levant les yeux, vous verrez également des peintures murales du premier quart du 16e siècle.
Une émouvante trace du passé religieux de Lézat.


2 – Février 2023
Tableau « Le Purgatoire »
Situé dans la chapelle du Purgatoire, ce superbe tableau du 19e siècle est une huile sur toile de 1m80 de large, dans un cadre doré, et classé depuis 1998. Sans signature et sans certitude, cette œuvre serait attribuée aux artistes d’origine italienne, les frères Pedoya, qui arrivent d’Italie en 1820 pour s’installer en Ariège. Leur atelier connaît rapidement un grand succès, et ces peintres décorateurs réalisent de nombreuses œuvres religieuses et décoratives, principalement dans le pays toulousain et dans les Pyrénées.
Leurs influences artistiques sont italiennes, françaises, baroques avec des palettes très colorées. Ce sont les premiers à travailler sur un arrière-plan bleu, d’où l’appellation « Bleu de Pedoya ». François et Jean-Antoine Pedoya ont été également les maîtres d’un peintre reconnu par la profession, Jean-Paul Laurens (1838-1921).
Ce superbe tableau est un extrait d’un tableau de Jean-Philippe de Champaigne (1602-1674) peintre officiel de Catherine de Médicis, intitulé « Les âmes du Purgatoire ». On est en droit de se demander comment cette reproduction partielle a pu être copiée ? La réponse est simple : ce tableau de maître a été saisi à la Révolution française, et, depuis cette période, il est la propriété du musée des Augustins de Toulouse. Sans problème, les frères Pedoya ont pu peindre cette toile devant l’original. Étant peints généralement par des copistes, beaucoup de tableaux religieux ne sont pas signés. Ces artistes reproduisaient au réel ou avec quelques modifications, des œuvres anciennes.
Mais quel que soit l’artiste, cette toile « Le Purgatoire » mérite notre attention et sa préservation.


3 – Mars 2023
L’ORGUE ET LE CARILLON DE LEZAT
Le 7 mars 1841, le conseil de fabrique de la paroisse décide de passer commande à Jean FOCH pour la fourniture d’un orgue à « Milacort », grâce à l’argent légué par les demoiselles SAINTE-MARIE. Puis, en 1846 à la demande de l’abbé GAUZENCE, l’orgue est déplacé sur la tribune au-dessus du narthex, dans le fond de l’église. Mais quelques années plus tard en 1864, suite à l’agrandissement de cette tribune, un nouvel instrument, plus puissant, avec deux claviers et un pédalier, remplace l’ancien. Cet orgue est restauré et modifié à plusieurs reprises, notamment en 1969 où Patrice BELLET le transforme en orgue français classique, afin que celui-ci sorte de son état d’abandon.
Depuis 2012, la municipalité de Lézat a confié son entretien au facteur d’orgue Daniel BIROUSTE de la manufacture d’orgues de Plaisance-du-Gers. Plusieurs organistes, comme mesdames LUCAS et NAYLIES, accompagnent musicalement le Père Jean-Marcel et la chorale pendant la messe.
Déjà richement dotée de tableaux, statues, reliquaires, l’église de Lézat ne reste pas silencieuse bien longtemps. Entre les sons du carillon et de l’orgue, la musique est présente pour les lézatois et visiteurs.
Entendre une cloche sonner dans un village nous fait toujours penser qu’il y a un lieu de culte à proximité. C’est une symbolique importante, que l’on soit croyant ou non. Une cloche qui résonne au lointain, est un phare dans la nuit.
Le carillon de l’église Saint Jean-Baptiste est pourvu de seize cloches qui tintent non seulement les heures, mais également tous les événements heureux ou malheureux. Il a été automatisé en 1998 pour la plupart des sonneries, mais grâce à un clavier manuel* (restauré en 2009 par des bénévoles), un carillonneur peut jouer des airs pour faire revivre musicalement le village.
Sa plus grosse cloche, le Bourdon de Saint-Jean, pèse 800 kg. C’est également la plus ancienne de l’Ariège. Elle a servi pendant de longues années comme cloche d’alarme, avant que la sirène de l’Hôtel de Ville ne la remplace par une sirène… Bien moins mélodique !
En 1818, 1880 et 1884, trois cloches plus petites viennent se rajouter et, à la fin du 19e, une ancienne cloche de la mairie est donnée à la paroisse. En 1955, le Chanoine ROBERT lance une souscription pour ajouter d’autres cloches. Les dons affluent et neuf cloches sont commandées à la fonderie GRANIER. Tel un baptême, un parrain, une marraine et un nom sont choisis et selon la tradition, elles ont été bénies en 1957.
En 2010 et 2011, deux nouvelles cloches sont ajoutées, portant à seize le nombre de cloches du carillon.
Un beau patrimoine culturel et musical sauvegardé.


*Le clavier manuel : en 1957, Germain TANNIERES, artisan ébéniste à Lézat, construit ce clavier en bois massif. Musicien depuis l’enfance, il carillonna quotidiennement et bénévolement pendant dix ans. Pour le seconder, il forma son épouse, Ascension, qui prit la relève pendant plus de 40 ans.

4 – Avril 2023
SAINT ANTOINE LE GRAND
Le dimanche 11 juin 2023, le village de Lézat rendra une fois de plus hommage à Saint-Antoine Le Grand. De nombreux paroissiens et habitants vont se donner rendez-vous dès l’aube pour mettre en place dans les rues, une jonchée fleurie pour la procession après la messe de 10h. A cette occasion, les reliques de l’église Saint Jean-Baptiste seront déposées sur les dais et déambuleront derrière le Père Jean-Marcel.
Dans l’église, une chapelle est consacrée à Saint Antoine le Grand, où vous pouvez admirer des reliquaires, mais également les boiseries anciennes de l’abbaye Saint-Pierre sauvées de la destruction pendant la révolution française.
Antoine le Grand était un chrétien d’Egypte, qui à vingt ans, décida de tout quitter pour se consacrer à la prière. Lors d’une célébration liturgique, il entend une parole qui le touche profondément : « Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ». Il l’interprète comme un appel de Dieu.
Deux aspects dominent sa démarche : l’un qui relève de son attachement au Christ, l’autre du renoncement à ce qui pourrait constituer un obstacle à cet attachement. Après une période initiale, Antoine s’enferme dans un tombeau pour demeurer seul avec Dieu et combattre l’Ennemi qui prend l’apparence de bêtes féroces et sensuelles : ce sont les célèbres tentations de Saint-Antoine. Puis il ressent le besoin de s’enfoncer dans le désert égyptien et s’établit sur une montagne dans un fort abandonné. Ayant reçu le don de guérison du corps et de l’esprit, Antoine est rejoint par des disciples et de nombreuses personnes désireuses d’être soulagées de leurs maux. A la fin de sa vie, il dira : « Je ne crains plus Dieu, je l’aime ».


5 – Mai 2023
Tableau « Le couronnement d’épines »
Un superbe tableau, de grandes tailles, se situe dans la nef de l’église à la gauche du chœur. Il représente le Christ couronné d’épines par ses bourreaux sur les marches du palais de Ponce Pilate. Tout en haut, à droite, est figuré le buste de l’empereur Tibère. Cette toile est une réplique du tableau du peintre vénitien TITIEN (1488-1576) dont l’œuvre originale est conservée au musée du Louvre.
Nous pouvons noter une particularité historique : c’est une commande de NAPOLEON III (1808-1873) faite au jeune peintre parisien Alfred TRIPET en 1868, pour une donation à la ville de Lézat. Il est fort probable que c’est lors de la visite de l’empereur à Toulouse cette même année, que cette toile a dû être offerte et déposée dans l’église.
Mais quel a été le lien entre NAPOLEON III et Lézat ? Sans pouvoir le certifier, mais avec une très forte probabilité, c’est grâce au vice-président du conseil général de l ‘Ariège, Adrien GAUBAN du MONT, habitant, mais également ancien maire de Lézat, qui a été l’instigateur de cet hommage.
Trois membres de cette ancienne famille lézatoise ont été maires du village : le père Jean-Marie de 1815-1817, Adrien de 1851 à 1865 et son frère Camille de 1881 à 1886. Malheureusement, Adrien n’ayant eu qu’une fille restée célibataire, et son frère Camille, militaire de carrière, ne s’étant jamais marié, Lézat a vu s’éteindre une grande famille très impliquée dans la vie des lézatois.
Mais ce tableau est toujours là pour réveiller en nous la mémoire des anciens disparus.


6 – Juin 2023