Emmanuel Macron réélu: l’Église appelle à un «projet collectif»
Le président français Emmanuel Macron a remporté dimanche 24 avril le second tour de l’élection présidentielle face à Marine Le Pen, avec plus de 58% des votes. Mgr Éric de Moulins Beaufort, président de la Conférence des Évêques de France, nous donne sa lecture du résultat.
Source : Cité du Vatican – Vatican News – lien vers l’interview de Jean-Charles Putzolu –
Plus de 58% des Français ont voté dimanche pour Emmanuel Macron, reconduisant le président sortant à la tête du pays. Face à lui, la candidate d’extrême droite, Marine Le Pen, totalise plus de 41% des voix: jamais son parti le Rassemblement national n’avait fait un score aussi élevé à la présidentielle. Le prochain rendez-vous électoral aura lieu les 11 et 19 juin, pour les élections législatives.
Tout au long de la campagne électorale pour cette présidentielle, les évêques de France avaient appelé les citoyens de l’Hexagone à voter en conscience, à la lumière de l’Évangile et de la doctrine sociale de l’Église. Un appel qui ne prenait position ni pour l’un ni pour l’autre candidat. Les évêques ont préféré tenir un discours prudent. Mgr Éric de Moulins Beaufort nous donne aujourd’hui son analyse, et revient sur les principaux défis qui attendent le président réélu.
Quelle est votre lecture des résultats ?
Les Français ont sans doute fait un choix de raison. On le voit dans les reports de voix qui se sont opérés. Une majorité de Français n’a pas voulu entrer dans l’aventure qu’aurait représenté l’élection de madame Le Pen et a sans doute refusé un certain nombre de mesures qu’elle prévoyait. Maintenant, cette élection est la réalité. Elle manifeste de plus en plus une sorte de rupture en France, qui est géographique mais qui est peut-être aussi, entre ceux d’en haut et ceux d’en bas. Et ça, c’est inquiétant quant à l’avenir de notre pays.
Un des grands défis de ce nouveau quinquennat sera celui de la pauvreté: la France compte 9,3 millions de personnes pauvres. Comment être attentif aux plus vulnérables?
Il me semble qu’on aperçoit et on voit aujourd’hui les limites du modèle de développement qui nous a accompagné depuis la Deuxième Guerre mondiale. On le voit en termes de répartition des richesses, on le voit en termes de crise écologique, on le voit en termes de crise sociale et de rupture dans notre pays. Et de toute évidence, nous touchons les termes d’un système, mais nous peinons à en imaginer un autre.
La position d’Emmanuel Macron sur les thèmes de bioéthique – GPA, fin de vie – créé un malaise au sein de l’Église catholique. Quelle sera votre message sur ces sujets?
Il me semble que c’est la croix et en même temps la gloire de l’Église dans les temps qui viennent de porter haut et fort l’idée que la vie humaine est belle, est forte et mérite d’être vécue et que même la souffrance en fait partie. Dans un monde hyper-technique comme comme le nôtre, la tentation de résoudre toutes les difficultés et les épreuves de la vie par des moyens techniques est grande.
S’ajoute à cela une sorte de conspiration plus ou moins consciente avec le marché possible. Il y a un marché de la fin de vie comme il y a un marché de la PMA ou de la GPA. Et nous, c’est notre rôle de défendre la signification profonde de l’acte d’engendrement et la signification profonde de la vie humaine vécue jusqu’au bout dans la confiance et l’abandon, et dans laquelle nous avons à nous à nous entraider. C’est là qu’il y a certainement des progrès à faire.
À quoi peut-on s’attendre concernant le projet européen, dans un contexte de tensions?
L’Europe peut être rassurée, même si l’Europe elle-même doit se réinventer. L’Union européenne est une grande réalisation, mais on voit bien aussi qu’elle fait partie des sujets qui inquiètent nos contemporains ou nos citoyens, qui ne les convainc pas complètement. L’Europe, en tant que facteur de paix, facteur d’union entre les nations, c’est une belle et bonne chose qu’il faut préserver. On peut penser que le président Macron continuera dans la ligne qu’il a commencé. Mais l’Union européenne, elle, a à se réinventer et à être convaincante pour les citoyens, notamment pour ceux qui se sentent, à tort ou à raison, exclus des bienfaits de la globalisation.
À quoi ressemble aujourd’hui le vote des catholiques?
Il serait intéressant de voir de plus près ce qu’on appelle des catholiques. On ne sait jamais qui répond à la question: je suis catholique et je vote, et comment je vote. Il faudrait donc beaucoup plus de finesse. Mais les catholiques participent à la vie de la nation tout entière et à l’évolution de la nation tout entière. Il faudrait regarder aussi du côté des autres religions, on parle toujours du vote des catholiques, mais ce serait intéressant aussi de regarder celui des autres religions et des personnes sans religion, en essayant d’analyser ça plus précisément. Mais la rupture entre les deux de France, disons, est notable. Et surtout, ce qui est sensible, c’est le besoin d’un projet de projet collectif et la difficulté de trouver un projet collectif qui type réussisse à rassembler véritablement en transcendant les classes sociales, des appartenances religieuses, etc. Et c’est là que le politique aujourd’hui se trouve à quia.
Actualité
: Permet de voir l’actualité de la paroisse à laquelle cet article est rattaché.
/ : Permet de voir l’actualité du Mouvement, Groupe ou Pôle diocésain à l’origine de cet article.
: Permet de voir plus d’articles traitant de la même thématique.
Bonne lecture !