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Comprendre les enjeux de la visite du pape François en Irak

par | 3/03/2021

Le Pape va porter l’espérance du dialogue en Irak.

Interview du Cardinal Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège

L’Irak se prépare à accueillir le Successeur de Pierre. «Le Pape veut lancer un message vers l’avenir», explique le Secrétaire d’État du Saint-Siège dans un entretien à Vatican News.

de Massimiliano Menichetti – Cité du Vatican pour Vatican News

L’Irak attend que François reprenne ses voyages en choisissant d’apporter du réconfort à un peuple qui a souffert ces dernières années à cause des persécutions, de la guerre et des violences perpétrées par l’organisation du groupe État islamique, mais aussi de continuer à construire la voie de la fraternité et le grand pont du dialogue.

Pour la première fois dans l’Histoire, un Pape se rendra en Irak. Le pays qui a donné naissance à Abraham et où réside l’une des plus anciennes communautés chrétiennes, a encore des blessures de guerre très visibles, et doit faire face aux fléaux de la pauvreté, du terrorisme et maintenant du Covid-19. Le Secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, évoque l’importance de ce voyage, en insistant sur l’urgence d’une collaboration pour reconstruire le pays et panser toutes les «blessures, pour commencer une nouvelle étape».

Cardinal Parolin – Le Pape reprend ses pèlerinages apostoliques après cette assez longue période de suspension due à la crise sanitaire du Covid-19. Il les reprend en tournant son attention vers un pays particulièrement souffrant, un pays qui porte dans son corps les blessures de la guerre, du terrorisme, de la violence, des affrontements.

Le Pape veut donc manifester une attention particulière, une proximité particulière, à ce pays, à l’Irak. Le but et la signification de cette visite sont précisément de manifester la proximité du Pape avec l’Irak et les Irakiens; et de lancer un message important: nous devons collaborer, nous devons travailler ensemble pour reconstruire le pays, pour guérir toutes ces blessures, et pour commencer une nouvelle étape.

VN – Il y a trois ans, lors d’une visite en Irak, vous avez dit que «les chrétiens et les musulmans sont appelés à éclairer les ténèbres de la peur et du non-sens». Quelle est la signification de ces mots à la veille du voyage du Pape?

R. – Je crois que ces mots conservent toute leur pertinence. Je me souviens de les avoir prononcés dans un contexte joyeux, la veille de Noël dans la cathédrale chaldéenne de Bagdad, pleine de monde, pleine de chants et pleine de lumière, malgré le climat morose à l’extérieur. Je pense qu’ils conservent leur pertinence.

Surtout, ils sont en accord avec la devise du voyage du Saint-Père: «Vous êtes tous frères». Or, cette fraternité vient du fait d’être enfants d’un même père. Il y a aussi une référence à Abraham, qui est né précisément en Irak.

De là, son aventure a commencé après l’appel du Seigneur. Abraham, auquel se réfèrent tant les chrétiens que les musulmans. Ensuite, cette fraternité doit également se traduire par un engagement commun. C’est pourquoi je disais qu’ils sont appelés à être la lumière dans l’obscurité et à dissiper les obscurités, les nombreuses obscurités qui existaient alors, il y a deux ans, et que, même si un effort a été fait pour les surmonter, elles demeurent en grande partie.

VN. – Ce sera une visite intense de quatre jours. Le Pape étreindra l’Église locale et participera à une rencontre interreligieuse à Ur, la ville d’Abraham, il visitera des lieux de persécution, de martyre et de reconstruction. Quel est l’objectif de ce voyage?

R. – Le Pape veut lancer un message vers l’avenir, c’est le but du voyage. Il y a des situations et des réalités qui traversent une certaine souffrance, sauf précisément là où il y a eu persécution, martyre. L’Église elle-même connaît une situation difficile, le dialogue interreligieux doit être encouragé. Les difficultés peuvent toutefois être surmontées, s’il existe une bonne volonté et un engagement de la part de tous, pour se rassembler, pour collaborer afin de reconstruire. Je crois que le message sera le suivant: ne nous laissons pas bloquer par tout ce qui s’est passé, aussi négatif que cela ait pu être -et c’était très négatif- mais regardons devant nous avec espérance et courage pour reconstruire cette réalité de l’Irak.

VN.- Quelle est la signification de la rencontre avec le Grand Ayatollah Al-Sistani? Un autre pilier pour le pont de la fraternité?

R. – Oui, je le pense certainement, compte tenu également du fait qu’Al-Sistani est l’une des personnalités les plus symboliques et les plus significatives du monde chiite; et compte tenu également du fait qu’Al-Sistani s’est toujours prononcé en faveur d’une coexistence pacifique au sein de l’Irak, en disant que tous les groupes ethniques, les groupes religieux, font partie du pays. C’est très important car cela va dans le sens et dans la direction de la construction de cette fraternité entre chrétiens et musulmans qui doit caractériser le pays. C’est donc un moment important et je pense que ce sera certainement l’un des moments les plus significatifs de la visite du Pape en Irak.

VN. – Ces dernières années, en raison de la violence, plus d’un million de chrétiens se sont expatriés d’Irak. Le voyage du Pape apporte-t-il aussi un espoir de changement en ce sens?

R. – Il est certain que l’Église -les chrétiens, les catholiques- en Irak, attend le Pape avec beaucoup d’envie. Et il faut certainement les encourager à vivre leur vocation chrétienne dans cette situation difficile comme celle de l’Irak, je dirais que c’est presque une vocation au sein de la vocation chrétienne, celle des chrétiens du Moyen-Orient, de vivre dans leur réalité, dans leur environnement, dans leurs pays. Et donc certainement le Pape encouragera cette Église à être courageuse, capable de témoigner, et lancera aussi une invitation à rester précisément sur place pour témoigner de cette présence. Nous avons déjà dit à maintes reprises que sans les chrétiens, le Moyen-Orient ne serait plus le même.

VN.- Le gouvernement irakien a salué ce voyage comme «un message de paix». Comment construire la stabilité, le dialogue et la coexistence après tant d’années de dévastation et de violence?

R. – C’est un grand défi, un grand défi auquel le gouvernement, bien sûr, et toute la société, essaient de donner une réponse. Nous devons nous réunir et collaborer. Afin de se réunir pour collaborer, pour construire cette unité, il y a certainement un besoin de pardon et de réconciliation. Nous devons surmonter le passé, regarder vers l’avenir dans ce sens nouveau et positif. En même temps, il y a donc aussi des mesures à prendre, par exemple contre le sectarisme, qui malheureusement caractérise encore de larges franges de la société, contre la corruption, les inégalités et les discriminations, afin que chacun puisse avoir sa place et que chacun se sente citoyen du pays, avec les mêmes droits, avec les mêmes devoirs et avec le même engagement et la même responsabilité de contribuer à sa construction. Il me semble que ce devraient être les principaux moyens pour essayer de reconstruire le pays.

VN. – Éminence, quel est votre souhait pour ce voyage?

R. – Mon souhait est que ce moment, cette présence du Saint-Père, tant attendue, tant espérée et souhaitée, soit effectivement un moment de renaissance matérielle, de renaissance spirituelle pour le peuple irakien, afin que cela ait aussi des répercussions dans toute la région qui a besoin de bons exemples. Et que cela se fasse sous le signe de la fraternité: «Vous êtes tous frères», telle est la devise sous laquelle se déroule ce voyage du Pape.

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…. C’était le désir de Jean Paul II pour le Jubilé et le souhait de Benoît XVI. Il va devenir réalité avec François. Son voyage en Irak du 5 au 8 mars, le premier dans le monde transformé par la pandémie, mettra encore une fois une périphérie au centre.Ce voyage n’est certainement pas sans risques, comme les attaques à Erbil viennent tout juste de le rappeler. Mais François s’était déjà exprimé à ce propos en 2015, lorsqu’il choisit d’inaugurer le jubilé de la miséricorde à Bangui, capitale d’une République centrafricaine déchirée par la guerre civile, précisant qu’il était prêt à s’y faire parachuter. Et cette visite s’inscrit sans doute dans une réalité très complexe, du point de vue aussi bien religieux qu’ethnique, linguistique et politique… lire la suite


PAPE EN IRAK
SOUTIEN ET PRIÈRE DU CONSEIL PERMANENT DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES 
DE FRANCE

À la veille du voyage du pape François en Irak (du 5 au 8 mars), le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France exprime au Saint Père sont entier soutien et l’assure de sa prière fervente.

Les évêques de France connaissent une proximité particulière avec les évêques d’Irak et se réjouissent avec eux de la visite du Pape dans leur pays. Ils mesurent les différentes attentes qu’un tel voyage peut susciter et le souhaitent le plus fructueux possible pour les chrétiens et pour tous les habitants d’Irak.

Le Conseil permanent invite les fidèles catholiques à prier pour les communautés chrétiennes de ce pays et pour l’ensemble de la population. Il adresse aussi ses pensées et ses prières aux irakiens résidant en France et particulièrement aux réfugiés de la guerre qui a ravagé ce pays.

Les catholiques français savent que les défis de paix et de reconstruction de l’Irak et de toute la région ne pourront être relevés qu’en trouvant la voie d’un dialogue interreligieux lui-même apaisé et constructif.

Le Conseil permanent de la CEF

Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, Président de la CEF,
Mgr Dominique Blanchet, évêque de Créteil, vice-président de la CEF,
Mgr Olivier Leborgne, évêque d’Arras, vice-président de la CEF,
Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris,
Mgr Jean-Pierre Batut, évêque de Blois,
Mgr Jean-Marc Eychenne, évêque de Pamiers,
Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen,
Mgr Philippe Mousset, évêque de Périgueux,
Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre,
Mgr Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers