Seigneur, envoie-nous des prêtres !

Pour l’eucharistie et pour le Pardon

(Prière en temps de confinement)

Le 4ème dimanche de Pâques, dimanche du Bon Pasteur est, depuis 1971, la Journée Mondiale de Prière pour les Vocations. Cette année, dans notre diocèse, parmi les multiples vocations qui font la richesse multiforme de l’Église, nous accorderons une attention particulière (mais non exclusive) aux vocations de prêtres. Que la prière qui suit puisse nous aider à prendre la mesure de l’importance de l’Eucharistie et du sacrement du Pardon, dans chacune de nos vocations spécifiques. Que nous soyons disciples-missionnaires, religieuses ou religieux, consacrés d’une façon ou d’une autre, mariés ou célibataires, diacres, prêtres, ou évêques, nous avons tous besoin du Pain de Vie et du cadeau de la Miséricorde, accueillis en assemblée chrétienne. Nous le mesurons mieux en ces temps de confinement. Et c’est donc pour cette raison que nous osons demander des prêtres…

Seigneur, nous nous tournons vers toi, car nous sommes en exil. Nous sommes depuis trop longtemps éloignés de l’Eucharistie. « Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions… Chantez, nous disaient-ils… Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère » (Ps 136, 1-4)

Comment, Seigneur, faire l’offrande de nos vies, en union avec l’offrande que tu fais de la tienne, sans la Messe ? Comment vivre du Christ sans le soutien des frères et des sœurs ? Comment, sans la Messe, t’accueillir dans le « Pain des pauvres » pour, qu’en ayant communié, et étant envoyés, ce soit Toi qui ailles rejoindre le monde à travers nous ?

Certes, dans ta bonté, Seigneur, par ta puissance, tu sais nous donner ta vie et ton amour en dehors des chemins ordinaires, que sont ceux de la célébration des sacrements. Quand la maladie, pour nous, ou la persécution, pour d’autres, nous confinent loin de Ta maison, alors tu te déplaces mystérieusement là où nous nous trouvons, dans nos maisons. Nous en faisons en ces temps l’expérience heureuse.

Mais tu as fait de nous des êtres de chair et de sang, non des anges, et il nous est difficile de vivre trop longtemps d’une communion avec toi seulement spirituelle. De même nous savons que tu es pour nous Miséricorde, quand nous nous tournons vers toi avec contrition, avec un cœur de pauvre ; mais comme c’est bon d’entendre tes paroles de pardon de la bouche du prêtre !

Pendant ce long temps (trop long ?) d’éloignement de la communauté, tu nous as fait la grâce de redécouvrir « l’église domestique ». Cette église, qui est notre maison, notre logement, notre chambre, où même seulement notre cœur. Tu nous as ouvert sur d’autres moyens, virtuels et technologiques, de nous mettre en lien avec ceux qui sont loin. Tout cela nous a rendu inventifs, créatifs. Mais tous ces moyens sont des substituts qui ne sont pas complètement satisfaisants, et nous laissent « sur notre faim ».

À l’occasion de cette crise, nous nous rendons compte, il est vrai que, pour vivre de Toi et de ton Évangile, nous sommes en réalité autonomes dans bien des domaines. Qu’il s’agisse de nous rassembler autour de la Parole, d’organiser l’annonce de la foi, de prendre soin des plus fragiles. Tu nous as donné quantité de charismes pour tout cela. Mais, quand il s’agit de l’Eucharistie et du sacrement du Pardon, nous avons besoin de prêtres…

Alors Seigneur, nous te demandons : tout en veillant sur les quelques prêtres qui nous restent, pourrais-tu nous en envoyer d’autres, et libérer ceux qui sont confinés. Nous n’avons pas besoin de chefs, d’animateurs ; pas même, peut-être, d’enseignants ou de maîtres. Nous avons surtout besoin de ministres de  ton Eucharistie et de ta Miséricorde. Oui, derrière la demande que nous t’adressons pour que tu nous envoies des prêtres, se cachent ces besoins profonds, que tu as toi-même inscrits en nous.

Alors, pardon Seigneur de ce qui pourrait apparaître comme un reproche, mais nous trouvons notre jeûne bien long!

Avec le Psaume 79, nous crions : «Dieu fais-nous revenir, Que ton visage s’éclaire, Et nous serons sauvés.» Ou encore avec le Psaume 41 : «Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, * ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ; * quand pourrai-je m’avancer, paraître face à Dieu ?»

C’est parce que ce jeûne de l’Eucharistie et du Pardon est douloureux, que nous te demandons, Seigneur, que des prêtres puissent venir nous rejoindre, et célébrer avec nous.

Seigneur Jésus Ressuscité, nous mettons notre confiance en toi et nous te rendons grâce. AMEN

+ Jean-Marc Eychenne – Évêque de Pamiers, Couserans et Mirepoix