En première ligne face à une pauvreté croissante
Tous les analystes nous disent qu’après la crise sanitaire (et en même temps) nous allons nous retrouver face à une crise sociale de grande ampleur. Les chrétiens et les catholiques, avec d’autres, vont, comme à leur habitude, avec la force de l’Esprit en eux, se retrouver aux premières lignes de l’engagement, pour aider les plus pauvres. La Fondation Abbé Pierre nous apporte ici un éclairage précieux sur ce qui se dessine, et ouvre des pistes d’action.
Comment endiguer la crise sociale ? C’est la question qui est posée sur France Culture, le 25 mai 2020 à Christophe Robert, sociologue et délégué général de la Fondation Abbé Pierre. Ceci dans la cadre de l’émission « L’invité des matin (d’été) »
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Un confinement catalyseur des inégalités
Pendant le confinement, le mot d’ordre était « restez chez vous ». On s’est aperçu de l’étendue de ce mal-logement. A quel point ce mot d’ordre renvoyait à l’absence totale de pouvoir se protéger et de se confiner pour les mal-logés. Et on s’est rendu compte également qu’un grand nombre de gens se sont retrouvés dépendants des aides alimentaires. Christophe Robert
« On risque de devoir s’habituer à voir des personnes sans domicile fixe. Mais il y a aussi une part d’invisibilité qui montre aujourd’hui l’extrême fragilité d’une part de la population pour laquelle le moindre accroc les rend extrêmement vulnérables. »
Mal logement et difficultés de paiement du loyer : une nouvelle crise du logement
On voit émerger aujourd’hui une nouvelle difficulté. Celle de payer son loyer. Quand vous avez 12 millions de personnes en chômage partiel, le paiement du loyer devient de plus en plus difficile pour ces personnes et ces ménages-là. Christophe Robert
« On évalue à peu près à 4 millions le nombre de personnes mal-logés en France. Et le confinement a montré ce problème. Quand on est malade on reste chez soi. Mais pour ces populations-là, le logement rend malade par son insalubrité. »
Le loyer est aujourd’hui le premier poste des dépenses des ménages. En 30 ans, on a inversé le budget des dépenses alimentaires par la dépense du loyer. Le loyer représente en moyenne 25% des dépenses. Mais pour certains ménages, cette dépense atteint 40%. Et cela peut créer de grandes difficultés pouvant aller jusqu’à l’expulsion locative. Il faut qu’on prévienne plutôt que de guérir. Seulement, les pouvoirs publics ont du mal à entendre nos réclamations quant à l’ouverture d’un fonds d’aide à cet égard. Christophe Robert
Une crise sociale doublée d’une crise sanitaire
On connaît de profondes inégalités au niveau de l’accès aux soins. On a vu se poser la question de l’arbitrage financier. On a pu mesurer les décalages quant à l’accès aux soins qui ont pu s’opérer pour les personnes ayant des ressources faibles. On peut également évoquer la question du problème alimentaire. On a pu observer à quel point les familles étaient dépendantes des cantines scolaires. Christophe Robert
« On a plutôt observé l’obligation pour une frange de la population de ne pas pouvoir se rendre dans des commerces à bas prix. Et l’impossibilité pour eux d’acheter à plusieurs, de faire du stockage et de faire du troc a pu peser sur les ménages pauvres ou modestes. »