Message de Mgr Eychenne pour la suite du confinement (27 novembre 2020)
« Recherchons donc ce qui contribue à la paix,
et ce qui nous associe les uns aux autres
en vue de la même construction. » (Rm 14,19)
Chers amis,
Une fois encore les attentes raisonnables des catholiques en France n’ont pas été entendues, nous allons donc devoir nous adapter avec les « moyens du bord ». Heureusement c’est plus simple pour nous en Ariège que pour des grandes métropoles qui devront faire face à un afflux de fidèles difficile à canaliser.
Il nous est donc demandé de ne pas dépasser le nombre de trente personnes lorsque nous nous retrouvons pour célébrer dans les églises, tout en continuant à appliquer les gestes barrières (port du masque, lavage des mains, communion dans la main, sens de circulation, distance physique, attention renforcée à l’entrée et à la sortie). Ces dispositions sont valables jusqu’au 15 décembre. (Un recours a cependant été déposé par la Conférence des Évêques, nous pourrions donc avoir des contraintes allégées avant cette date)
Il nous faudra faire preuve d’inventivité. Voici quelques pistes auxquelles certains ont déjà réfléchi et qui pourraient nous donner des idées :
– Multiplier le nombre des messes soit dans le même lieu, soit en allant dans d’autres églises.
– Avoir plusieurs messes anticipées le samedi (après-midi et soir).
– Aller dans les villages en semaine pour proposer la messe aux gens du lieu.
– Proposer, en semaine, des « célébrations domestiques », à une famille et son voisinage immédiat.
– Comme laïc, avec sa famille, choisir d’aller dans un village où l’on sait qu’il n’y aura pas trente personnes, plutôt que d’aller dans l’église la plus fréquentée de la ville-centre.
– Célébrer dans les maisons de santé dans lesquelles cela est possible.
– Célébrer avec les élèves et des membres de l’équipe éducative dans les établissements scolaires d’Enseignement Catholique.
– Proposer comme laïc, à une petite communauté fraternelle, un temps d’échange autour de l’Évangile du dimanche, pour laisser la place, le dimanche matin, à d’autres personnes qui sont moins autonomes.
– Etc. On ne pose pas de limites à l’inventivité…
J’attire votre attention sur un point. Une des raisons pour lesquelles nous ne sommes pas entendus par le gouvernement de notre pays, tient au fait que lorsque nous disons que nous appliquons tous scrupuleusement les mesures recommandées, nous sommes peu crédibles. En effet certains s’en sont exonérés, et finalement c’est l’ensemble du corps ecclésial qui en subit les conséquences.
Tout cela est douloureux, certainement injuste. Mais il nous faut en passer par là pour voir enfin l’horizon se dégager et pouvoir vivre pleinement notre foi dans toutes ses dimensions.
Dans le psaume responsorial de ce dimanche nous nous adressons au Seigneur, par ces mots :
« Dieu de l’univers, reviens !
Du haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
celle qu’a plantée ta main puissante. » (Psaume 79)
Belle entrée en Avent à chacun d’entre vous.
+ Jean-Marc Eychenne – Évêque de Pamiers, Couserans et Mirepoix.
UN MOT DU PAPE FRANÇOIS
» Au cours de ces mois, les personnes n’ont pas pu participer physiquement aux célébrations liturgiques, mais elles n’ont pas cessé de se sentir membre d’une communauté. Elles ont prié individuellement ou en famille, également à travers les moyens de communication sociale, spirituellement unies et en percevant que l’étreinte du Seigneur allait au-delà des limites de l’espace.
Le zèle pastoral et la sollicitude créative des prêtres ont aidé les personnes à poursuivre le chemin de la foi et à ne pas demeurer seuls face à la douleur et à la peur. Cette créativité sacerdotale qui a vaincu quelques rares expressions «adolescentes» contre les mesures de l’autorité, qui a l’obligation de protéger la santé du peuple. La plupart ont été obéissants et créatifs.
J’ai admiré l’esprit apostolique de nombreux prêtres, qui partaient avec leur téléphone, frapper aux portes, sonner aux foyers: «Avez-vous besoin de quelque chose? Je vous fais les courses…». Ces prêtres qui sont restés aux côtés de leur peuple dans le partage prévenant et quotidien: ils ont été des signes de la présence consolante de Dieu. Ils ont été des pères, non pas des adolescents. »
Extraits du discours aux infirmiers, médecins et opérateurs sanitaires de Lombardie du 20 juin 2020.
Communiqué des évêques de France du 26 novembre 2020
Jauge à 30 personnes ce dimanche : une mesure qui demeure irréaliste et inapplicable
C’est avec regret que la Conférence des évêques de France (CEF) apprend que la jauge de 30 personnes par lieu de culte pour les célébrations est maintenue pour ce dimanche. Après l’appel du Président de la République à l’issue de son discours du mardi 24 novembre, elle attendait une rectification de cette mesure et la mise en place d’une « jauge réaliste » dès ce 28 novembre. Il n’en est rien !
Le Premier ministre explique sa fermeté par la situation épidémiologique ; néanmoins les protocoles présentés par les différentes religions auraient pu permettre des décisions plus facilement applicables et équitables.
La CEF s’interroge sur les véritables critères utilisés par le gouvernement pour fixer les conditions de ce confinement. Certes les cultes ne sont pas des commerces mais traiter ainsi les religions, c’est considérer comme accessoire la foi de millions de croyants. C’est une grave erreur pour notre société tout entière.
Le Premier ministre s’est engagé à ouvrir la discussion sans attendre pour permettre dès que possible une jauge proportionnée à la taille des édifices. La Conférence des évêques de France réclame une véritable concertation plus efficace pour aboutir à un accord. Dans ce contexte elle se réserve toujours la possibilité d’utiliser les moyens de droit appropriés.
La Conférence des évêques de France réaffirme l’engagement plein et entier des catholiques dans la lutte contre cette épidémie et leur volonté de servir au plus grand bien de notre société.
Consignes pour la nouvelle période de confinement (jusqu’au 2 décembre).
À partir de ce soir, 2 novembre, et jusqu’au deux décembre (sauf nouvelles dispositions), les règles en vigueur sont les suivantes :
L’article 47 du décret n° 2020-1310 du 29 octobre 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, prévoit ce qui suit :
- – Les établissements de culte, relevant de la catégorie V, sont autorisés à rester ouverts. Tout rassemblement ou réunion en leur sein est interdit à l’exception des cérémonies funéraires dans la limite de 30 personnes.
- – Toute personne de onze ans ou plus qui accède ou demeure dans ces établissements porte un masque de protection.
L’obligation du port du masque ne fait pas obstacle à ce que celui-ci soit momentanément retiré pour l’accomplissement des rites qui le nécessitent. - – Le gestionnaire du lieu de culte s’assure à tout moment, et en particulier lors de l’entrée et de la sortie de l’édifice, du respect des dispositions mentionnées au présent article.
- – Le préfet de département peut, après mise en demeure restée sans suite, interdire l’accueil du public dans les établissements de culte si les conditions de leur organisation ainsi que les contrôles mis en place ne sont pas de nature à garantir le respect des dispositions mentionnées au présent article.
Pour nous, cela signifie que nous ne pouvons pas célébrer la messe (hors funérailles) en présence des fidèles dans nos églises. Si nous célébrons privatim dans l’église de notre paroisse, nous devons fermer l’église auparavant, pour que les fidèles ne se rassemblent pas.
Des recours ont été déposés contre ce décret qui porte atteinte à la liberté de culte. Nous ne savons pas s’ils conduiront à une modification du décret, à la demande du Conseil d’État, comme cela est arrivé au moment du début du déconfinement.
En attendant, nous attirons votre attention sur ceci :
- Ces recours ne sont pas suspensifs et donc le décret doit être appliqué
- Nous avons un devoir d’exemplarité et de solidarité vis à vis de tous ceux dont les libertés sont limitées
- Cette période de pandémie permet qu’un état démocratique porte atteinte provisoirement à des droits fondamentaux (liberté de circulation, liberté de commercer, liberté de se rassembler, liberté de culte, etc.)
Il est de notre devoir de vous demander de respecter scrupuleusement ce que les autorités légitimes vous demandent. Ici l’autorité légitime est celle de l’état, et aussi celle de l’évêque, pour l’Église Catholique.
+ Jean-Marc Eychenne – Évêque de Pamiers, Couserans et Mirepoix