François, grand-père par procuration
« J’ai décidé de mettre en œuvre trois rêves à ma retraite : la menuiserie, les randonnées et l’action caritative »
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Aujourd’hui âgé de 77 ans, François est bénévole au Secours Catholique depuis 17 années. De Paris à Lyon, du soutien des sans-abri à l’accompagnement des familles, une flamme l’anime : l’attention aux autres. Rencontre.
Dans un centre de vacances du Haut-Jura, François, les cheveux grisonnants, des lunettes sur le nez, prend le petit Ryan, 6 ans, sur ses genoux. « Alors, tu t’amuses bien ? » L’enfant, sa maman et ses frère et sœur sont en vacances avec le Secours Catholique de Sainte-Foy-Lès-Lyon. L’équipe de bénévoles a proposé une semaine de repos à des familles qui n’en ont pas la possibilité.
« Grâce à ce séjour, je vois quel accompagnement on va pouvoir proposer à la rentrée : l’aide à la scolarité pour Ryan, l’aide à la recherche d’emploi pour Fatima, etc. », raconte François. Celui-ci est engagé auprès du Secours Catholique depuis dix-sept ans. « Une véritable carrière », plaisante-t-il. « C’est en fin de compte une sorte de prolongation de ma vie professionnelle : je continue à m’occuper des autres, à y être attentif. »
J’ai décidé de mettre en œuvre trois rêves à ma retraite : la menuiserie, les randonnées et l’action caritative.
Et pour cause, après des études de chimie – « une erreur de parcours, on ne m’avait pas demandé mon avis » – François fait sa carrière dans le management et les ressources humaines : d’abord dans le textile puis dans les transports publics de voyageurs. « J’ai toujours été passionné par l’animation des hommes », déclare-t-il.
En 1990, une rupture d’anévrisme lui fait remettre les choses à plat : « J’ai repositionné mes priorités, et j’ai décidé de mettre en œuvre trois rêves à ma retraite : la menuiserie, les randonnées et l’action caritative. »
Donner et recevoir
En 1999, il est licencié et se retrouve de fait mis à la retraite. Il frappe alors à la porte du Secours Catholique près de chez lui, à l’antenne nord-ouest de Paris. On l’oriente vers le Pain partagé de Notre–Dame-de-Clignancourt : deux fois par semaine, avec d’autres bénévoles, François accueille des sans-domicile et des personnes retraitées sans moyens et leur offre un repas.
Une rencontre le marque : « Il y avait une femme, assez forte, avec de la barbe. On ne se précipitait pas dans ses bras. Et je me suis souvenu de mon saint patron, saint François d’Assises, qui est allé embrasser les lépreux… À partir de ce jour, j’ai embrassé cette personne », raconte-t-il, la voix chargée d’émotion. Par la suite, il créé le groupe de fraternité des Épinettes qui regroupe des familles en précarité.
Le sourire d’une personne, sa manière de dire merci : c’est très gratifiant.
Là, il se souvient d’Angélique, réfugiée africaine politique, qui a voulu décorer le local du groupe en bleu et jaune, « comme le ciel et le soleil ». Pour la première fois, ces familles partent en vacances et François les accompagne. « Dans le bus, un homme est venu me voir : “François, tu me diras quand ça sera la campagne ?” J’étais stupéfait. C’est ça, le bénévolat. Tu donnes beaucoup de toi-même, mais tu reçois aussi beaucoup en échange : le sourire d’une personne, sa manière de dire merci. C’est très gratifiant. »
Humanité et professionnalisme
Croyant pratiquant, François estime alors que les paroisses ne s’investissent pas assez dans la charité. Il est nommé responsable de relation avec les paroisses de son quartier pour les éveiller à la solidarité. « On a fait en sorte que les paroissiens deviennent des veilleurs de proximité », explique-t-il. En décembre 2007, avec sa femme Michèle, il décide de déménager à Sainte-Foy-Lès-Lyon pour se rapprocher des Alpes, son terrain de randonnée.
Il s’engage alors dans la gestion des bénévoles de la délégation du Rhône : « du recrutement, mais aussi de la formation ». Il retrouve la gestion des ressources humaines. « Ce que j’aime dans le Secours Catholique, c’est qu’il y a beaucoup d’humanité mais aussi beaucoup de professionnalisme de la part de l’ensemble des acteurs (salariés comme bénévoles), et de rigueur dans le travail. Pour moi qui venais du monde de l’entreprise, c’était rassurant. »`
Tant que j’ai les forces nécessaires, je continue
Mais la rencontre avec les personnes lui manque. Alors il intègre l’équipe de bénévoles de Sainte-Foy. « Les accueillis du Secours Catholique, c’est ma grande famille : je suis un peu comme leur grand-père. Il y a des liens affectifs très forts », témoigne François, père de cinq enfants et grand-père de 14 petits-enfants. Sa femme Michèle le soutient dans son engagement. Elle-même est bénévole pour les équipes Saint-Vincent.
À 77 ans, François regarde son parcours au Secours Catholique avec modestie : « J’ai eu des expériences magnifiques. Je crois que je devrais commencer à prendre soin de moi, mais tant que j’ai les forces nécessaires, je continue. »
Et de conclure : « Un jour, on m’a rapporté un proverbe indien qui me parle beaucoup : “Quand j’étais petit, je pensais que la vie n’était que joie. Grâce à mon éducation, j’ai appris que la vie était service. Et maintenant que j’ai grandi, je sais que le service est joie.” »