Du bon usage du prêtre.
Cette année encore – nous en rendons grâce – des prêtres ont été ordonnés dans de nombreux diocèses, et dans plusieurs communautés. Qu’attendons-nous d’eux, comment en faire le meilleur « usage » possible, selon la volonté du Seigneur. Ce petit éditorial publié au moment de l’ordination de Cédric Pujol à Pamiers, peut nous aider à y réfléchir à nouveau. Saurons-nous trouver la juste posture, dans l’Esprit, pour leur faire la place pour laquelle le Seigneur les a configurés au jour de leur ordination ?
Si nous posions la question suivante :
Qu’allons-nous faire du prêtre dont le Seigneur nous fait le cadeau ? Saurons-nous en faire un bon usage ?
Je serais tenté de penser que si le Seigneur fait moins entendre son appel qu’en d’autres périodes de la vie de notre Église, c’est peut-être pour nous indiquer que nous avons une approche de ce ministère trop « mondaine » (selon la logique du monde) et pas assez évangélique. Alors peut-être préfère-t-il ne pas nous en donner trop, plutôt que de courir le risque de les voir utilisés à contre-emploi.
Cette erreur d’appréciation sur la place que le Christ lui-même venait prendre au sein de son peuple et pour l’humanité, les apôtres n’ont pas cessé de la faire. Tant et si bien que parfois Jésus semblait leur demander de ne rien dire à son propos plutôt que de propager un contre-sens. Les réponses au « Pour vous qui suis-je », de Marc 8, 27-33, sont suivies – tant le Seigneur perçoit qu’ils se trompent profondément sur son identité – de cette précision : « Il leur défendit alors vivement de parler de lui à personne ». Ses disciples peinent tellement à accepter l’idée d’un messie souffrant, humilié, prenant la dernière place, lavant les pieds de ses disciples, que cet épisode se conclut par ces mots adressés à Pierre : « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »
Nos pensées sur le prêtre (ordonné pour signifier la présence du Christ Pasteur au sein de son peuple) sont-elles celles de Dieu ou celles, trop humaines, de ceux et celles qui attendent un chef, un manager, un patron, un animateur, un directeur, un maître ?… En bref quelqu’un qui nous permette de nous déresponsabiliser en renvoyant tout sur lui, oubliant que la consécration baptismale fait de nous, là où nous sommes plantés, des prêtres, des prophètes et des rois ! Notre Église diocésaine aura à affronter courageusement, sans peur, ces questions sur l’identité baptismale, l’identité diaconale et l’identité presbytérale.
« Vous m’appelez « Maître » et « Seigneur », et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » (Jn 13, 13-14) Oui, il y a – par participation à celle du Christ – une dignité indéniable dans la personne du prêtre, et nous avons un besoin essentiel de lui. Mais sa place doit être bien comprise.
À n’en pas douter, lorsque nous nous serons engagés dans cette voie, le Seigneur nous enverra des prêtres plus nombreux. C’est au centuple qu’il fera vivre des joies aussi intenses que celle de l’ordination de notre frère Cédric !
+ Jean-Marc Eychenne – Evêque de Pamiers, Couserans et Mirepoix
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