L’Église est essentiellement missionnaire

par | 15/03/2018

TOUS APPELÉS À LA MISSION 

(relecture de « Ad Gentes »)

En relisant le décret « Ad Gentes » du Concile Vatican II, qui aborde la question de l’activité missionnaire de l’Église, nous voudrions relever quelques points sur lesquels il nous faut, encore aujourd’hui, plus de 50 ans après la publication de ce document (7 décembre 1965), réfléchir un peu. Ce rapide tour d’horizon, et cette mise en relief de quelques problématiques, reposent sur une attention accordée à la genèse du décret. Pour cela il a été nécessaire de se pencher sur les documents préparatoires au texte final, et sur les interventions des Pères dans l’aula conciliaire.[1] Les théologiens, dont le travail a préparé l’approche conciliaire, et les documents du Magistère des décennies suivant le Concile, apporteront aussi un éclairage important.

Vocation universelle à la mission

Si l’on attendait du concile qu’il rapatrie la mission au cœur de l’Eglise [2], elle qui tendait à être considérée comme une activité périphérique, le résultat a sans aucun doute dépassé les espérances. En effet, le décret sur l’activité missionnaire ne traite pas d’une des dimensions de la vie de l’Eglise, mais de toute la vie de l’Eglise.[3] Il présente la mission comme la vocation propre de l’Eglise et l’expression de son identité la plus profonde.  L’Église n’existe que pour la mission, si nous prenons ce terme dans son acception la plus large. Le Père Yves Congar écrivait en 1968, dans l’élan conciliaire : « L’Église est essentiellement missionnaire. Elle n’est pas faite pour elle-même, elle n’est pas sa propre fin mais, comme le Verbe incarné, existe « pour nous les hommes, et pour notre salut… ». [4]

Nous pouvons aller jusqu’à dire que le décret AG, dans ses fondements doctrinaux (qui constituent un des sommets dogmatiques de l’enseignement conciliaire), apparaît comme un véritable traité de l’Eglise. Avec lui la mission est devenue une clef indispensable de compréhension et d’approche du mystère ecclésial.

Si l’Eglise vit de la vie de Dieu, elle ne peut avoir de cesse tant que le dessein d’amour du Père, qui veut tout récapituler dans son Fils, par l’Esprit-Saint, ne sera pas réalisé. La mission n’est rien d’autre que l’éternel mouvement d’amour, source d’unité des personnes divines, dans lequel est aspirée toute l’humanité. Elle n’est pas une activité facultative[5], mais l’expression même de la vie de Dieu dont est animée l’Eglise. C’est pourquoi nous pouvons dire qu’« une Eglise qui cesse d’être missionnaire est une Eglise morte ».[6]

Les ouvriers de l’Evangile (chacun des disciples de Jésus) sont des instruments de la mission récapitulatrice[7] du Christ, et ils incarnent en un lieu la préoccupation missionnaire de toute l’Eglise.

Chaque cellule d’Eglise porte en elle la dimension missionnaire de l’Eglise tout entière. Chaque famille chrétienne, et finalement chaque chrétien, est animé par ce souffle de catholicité. On peut parler de vocation universelle de la mission. Hommes, femmes, enfants, prêtres, religieux, laïcs, tous sont missionnaires pour la seule raison qu’ils sont chrétiens.

Remise en valeur du laïcat

Cette vision universaliste de la mission aboutit aussi à une remise en valeur du laïcat. Il n’est plus seulement question, pour les laïcs, du « renouvellement chrétien de l’ordre temporel », « mais aussi de leur vocation à l’apostolat ».[8]

À cet égard, l’intervention d’un auditeur laïc dans l’aula conciliaire, à la fin des débats sur le décret AG, a valeur de signe. Il déclarait :

« Les laïcs peuvent et doivent coopérer à la mission évangélisatrice de l’Eglise : le schéma le montre bien… tâche essentielle du chrétien, porter le Christ au monde, et le monde au Christ… prendre conscience de leur responsabilité et, « sous le souffle de l’Esprit-Saint », communiquer à leur frère le don de la foi. »[9]

L’exhortation apostolique du Pape Paul VI, adressée à l’Église durant l’Année Sainte 1975, 10 ans après le Concile Vatican II se situera clairement dans cette ligne :

« Ainsi prend toute son importance la présence active des laïcs dans les réalités temporelles. Il ne faut pas pour autant négliger ou oublier l’autre dimension : les laïcs peuvent aussi se sentir appelés ou être appelés à collaborer avec leurs Pasteurs au service de la communauté ecclésiale, pour la croissance et la vie de celle-ci, exerçant des ministères très diversifiés, selon la grâce et les charismes que le Seigneur voudra bien déposer en eux. »[10]

Le Code de Droit Canonique de 1983, mettant en forme les orientations conciliaires, parlera, le cas échéant, de « participation à l’exercice de la charge pastorale ».[11] L’expérience en cours des Équipes d’Animation Pastorale (EAP) cherche à mettre en œuvre, dans chaque communauté chrétienne, l’appel à la mission adressé à tous les membres du Corps du Christ.

Les fidèles laïc (Christifideles Laici), dont la « vocation et la mission dans l’Eglise et dans le monde vingt ans après le Concile Vatican II » a été le thème de l’assemblée générale du Synode des Evêques en 1987, ont donné lieu à l’Exhortation Apostolique du Pape Jean-Paul II, le 30 décembre 1988. L’affirmation d’un appel à la mission adressé à tous se fait plus insistant encore.[12]

Quel « équipement » pour la mission ?

La source de l’activité missionnaire, nous l’avons compris, se situe dans la dynamique de l’amour trinitaire. Les fondements de la mission sont trinitaires et pneumatologiques.

L’élan missionnaire est donc intimement lié à la puissance de l’Esprit agissant dans le cœur des fidèles. L’action évangélisatrice des laïcs ne dépendra donc pas tant de la place qui lui sera faite par le droit à la suite du renouveau théologique conciliaire, que de la qualité de la vie spirituelle qui animera ces fidèles du Christ. Depuis le Concile Vatican II un gros travail a été effectué en matière de formation théologique des laïcs dans tous les diocèses, tant il apparaissait urgent de donner une base doctrinale solide à ceux et celles qui porteraient la responsabilité d’une part de l’annonce de l’Evangile.

Aujourd’hui c’est une autre préoccupation qui semble dominer : celle de l’apprentissage de la docilité à l’Esprit Saint. Si on souhaite que la mission ne soit pas notre œuvre mais celle de Dieu, il s’agit bien de discerner les appels de l’Esprit. Les initiatives qui surgissent ici où là, sous le vocable de « retraite dans la vie » et qui proposent aux chrétiens, pendant plusieurs semaines, tout en ne quittant pas leurs activités familiales et professionnelles, de se mettre à l’école ignatienne de vie spirituelle, illustrent bien cet élan.[13] Mais nous pourrions tout aussi bien citer l’effort des dominicains pour proposer des temps de retraite par internet, allant jusqu’à une certaine forme d’accompagnement spirituel … en ligne.

La demande, de plus en plus fréquente, des membres des EAP, de pouvoir vivre des temps de retraite avec leurs confrères, et leur souci d’ancrer en Dieu leur action, est aussi certainement un signe des temps.

Les fruits d’un renouveau missionnaire ne peuvent être attendus que d’un enracinement plus profond en Dieu. La contemplation et la mission sont les deux pôles d’une même réalité spirituelle.

Le monde et la mission

Le concile distingue deux lignes d’action de Dieu visant à réaliser l’unité du genre humain :

  • l’une d’elle, par la mission du Fils et celle de l’Esprit, anime l’élan missionnaire du peuple de Dieu. Les chrétiens habités par la grâce, incorporés au Christ, sont les instruments libres de la prolongation de la mission du Verbe Incarné. Dans l’Esprit Saint, ils vivent de sa vie et mettent en pratique son commandement :

« Allez par le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création… » (Mc 16-15).

  • la seconde, par l’œuvre mystérieuse mais réelle, de l’Esprit, qui dès les origines du monde, oriente tout le mouvement de l’histoire et du cosmos vers l’unité.

La mission n’est donc pas l’expression d’une action unilatérale des membres du peuple de

Dieu allant chercher, pour les rassembler, des hommes qui ne demandent rien. Elle serait plus justement représentée par un double mouvement convergent de deux réalités qui sont faites l’une pour l’autre : l’Eglise et le monde.

L’Église vient répondre aux attentes de tous les hommes de bonne volonté, qui sans le savoir aspiraient au Christ, et en même temps elle se met à l’écoute de tout ce qu’il y a de positif dans les cultures encore étrangères au christianisme. Par ces éléments positifs[14], les peuples ont exprimé déjà des valeurs évangéliques et ils peuvent aider l’Eglise à atteindre une connaissance nouvelle et plus étendue de la vérité dont elle est la gardienne.[15]

Le théologien neuchâtelois Roland de Pury résumait à sa manière cette approche missionnaire en disant : « Le chrétien reçoit Jésus-Christ du païen qu’il évangélise ».

Le pape Jean-Paul II dans son Encyclique « Redemptoris Missio » de 1990 en rappelant que l’Esprit-Saint est le protagoniste de la mission, précisera dans son développement, en se référant aussi au Concile Vatican II et à la mise en valeurs de « semences de l’Esprit », que la présence et l’action de l’esprit sont universelles et sans limites d’espace et de temps.[16]

La mission et la théologie de la Croix

Cette vision du monde et de l’histoire pourrait pêcher par optimisme en négligeant la présence agissante des forces du mal en leur sein. Des Pères ont relevé ce danger au cours des débats sur AG.[17]

Si l’Eglise et le monde sont faits l’un pour l’autre, on ne peut pourtant pas oublier que leur point de rencontre se situe très souvent dans la croix. Si l’Eglise a scellé son expansion missionnaire dans le sang des martyrs, ce n’est pas d’abord parce que le témoignage de ses apôtres n’avait pas su s’inculturer, mais bien en raison aussi d’une tension fondamentale existant entre l’histoire humaine et l’histoire du salut.

Vatican II, pour avoir voulu montrer que la mission répondait aux attentes de l’homme, a mis l’accent sur une théologie de la Création et de l’Incarnation, attribuant une plus modeste place au mystère de la Croix. Sans revenir sur les acquis théologiques fondamentaux d’une telle perspective, il faut certainement aujourd’hui modérer les interprétations trop naïves des intuitions du concile par le développement d’une juste théologie de la Croix.[18]

Dans une même ligne problématique, lorsque l’on parle d’adaptation du message évangélique aux cultures locales , ou plutôt d’inculturation de l’annonce, par analogie au mystère de l’incarnation, on ne doit pas oublier que la prédication chrétienne présentera toujours une étrangeté.

En effet, quelle que soit la qualité des préparations à l’Evangile opérée par la grâce dans tout l’univers, le contact avec la parole de Jésus apportera une nouveauté radicale et un choc de discontinuité.[19]  Il est « scandale pour les juifs, folie pour les païens. » (1 Cor 1, 23) Le christianisme, même légitimement dégagé d’éléments étrangers à son essence, ou trop lié à la culture judaïque ou gréco-latine, sera toujours un défi lancé à toutes les cultures. Il les assume et en même temps les dépasse, ne serait-ce que par la dimension d’universalité qu’il porte en lui.

Une question plus radicale peut être encore posée : n’est-il pas utopique de vouloir absolument dissocier le christianisme de son véhicule culturel ? Le Verbe s’est incarné dans un peuple, dans une culture. Dans quelle mesure, jusqu’où peut-on désenvelopper le message sans l’atteindre lui-même ?[20]

L’ère post-conciliaire est animée et sera encore longtemps animée par ce long travail de discernement qui doit éviter deux écueils :

– premièrement, celui de l’affirmation de la valeur universelle et exclusive de la culture occidentale, qui a jusqu’ici transporté d’une façon privilégiée le message chrétien, en rejetant toute adaptation, contrairement à l’enseignement le plus clair du concile

– deuxièmement, celui de l’éclatement du message et de sa vérité, dans un particularisme, ou un pluralisme, qui risquent de lui ôter sa substance . Le Concile valorise les particularités dans la mesure où elles sont ordonnées à l’unité d’une même foi, dans une même communion d’amour. Ici encore, le modèle suprême de la diversité dans l’unité est la Sainte Trinité.[21]

La mise en place d’une théologie de la croix et de critères de discernement pour une praxis d’inculturation est nécessaire à une saine application des intuitions conciliaires concernant les rapports de l’Eglise et du monde. Il y a là aussi un vaste domaine de recherche à exploiter.

La finalité unitive de la mission et appel à l’unité des chrétiens

La théologie missionnaire du concile ne prend pas tant pour finalité anthropologique le salut des hommes que leur rassemblement dans l’unité d’un seul peuple. Dans la perspective de Vatican II, plutôt que le sacrement universel du salut, l’Eglise est « le signe et le moyen de l’union avec Dieu et de l’unité du genre humain » (LG I). Si nous ne voulons pas opposer la poursuite du salut et celle de l’unité, nous dirons, comme LG9, qu’elle est « le sacrement visible de l’unité salutaire ».

La problématique de la possibilité du salut hors de l’Eglise semble bien dépassée, même si elle réapparaît ici ou là à la demande insistante de quelques évêques.[22] Elle est dépassée, non pas parce que le concile enseigne que l’on peut se sauver hors de l’Eglise (ce qui serait contradictoire avec l’enseignement précédent du Magistère), mais parce qu’il a considérablement élargi, dans le temps et dans l’espace, la présence de l’Eglise. Tout homme, d’où qu’il soit, peut appartenir à l’Eglise, ne fût-elle présente qu’en germe dans sa culture.[23]

Mais cette appartenance salutaire est tout entière tendue vers une réalisation plénière dans la communauté de foi, d’amour et de culte fondée historiquement par notre Seigneur Jésus-Christ et confiée par lui aux apôtres et à leurs successeurs. La finalité missionnaire est la finalité récapitulatrice du Christ-Jésus lui-même, qui est venu pour constituer les hommes en un seul peuple. Le chrétien missionnaire par vocation doit se faire nœud de relations, élément unificateur. Il œuvre pour mener à leur épanouissement les germes du Verbe décelés dans l’humanité.

C’est cela qui nous aide à comprendre aussi, combien est urgent, pour la crédibilité de l’action missionnaire de l’Eglise, le dialogue œcuménique. Comment prêcher l’unité au nom de l’Evangile, quand ceux qui annoncent cet Evangile sont divisés en eux par toutes sortes de ruptures ? Ce concile a enseigné nettement que le sort de l’évangélisation était lié au témoignage d’unité donné par l’Eglise.

Mission de promotion humaine et mission spirituelle -Théologie eucharistique missionnaire

L’unité poursuivie par l’Eglise répond aux aspirations profondes de la nature humaine qui, ayant été créée une à l’origine, a la nostalgie de cette situation initiale. Elle était faite d’une parfaite harmonie des hommes entre eux, et de tous en rapport avec la création. Le don que l’Eglise veut faire aux hommes n’est donc pas comme imposé de l’extérieur et il s’inscrit dans la ligne d’une promotion humaine.

Rien de ce qui rend les hommes solidaires en faisant reculer les frontières de la misère, de l’injustice ou de la haine n’est étranger au message évangélique et à la visée missionnaire de l’Eglise. Le lien entre l’évangélisation et la promotion de l’homme est sans aucun doute un élément marquant de l’enseignement conciliaire.

Pourtant il faut éviter de dissocier, parce que le concile n’a pas voulu le faire, mission de promotion humaine et mission spirituelle, le service des pauvres et le culte rendu à Dieu, le bonheur de l’homme et la gloire de Dieu.

Ce n’est pas servir l’homme et lui apporter une entière libération que de l’enfermer dans une pure espérance humaine. La vie aux côtés des pauvres, dans les situations les plus dramatiques doit être alimentée et illuminée par ce qui constitue la source et le sommet du dynamisme de communion qui nous pousse vers eux : l’Eucharistie. C’est le sacrement de l’anticipation du rassemblement de l’ère eschatologique. Aider l’homme à se retrouver lui-même tout en retrouvant tous ses frères, cela signifie aussi, d’une certaine manière, l’orienter, le conduire vers la table eucharistique pour qu’il s’unisse à l’offrande que le Christ fait de lui-même, à son Père, dans l’Esprit.

Une théologie missionnaire eucharistique nous semble être appelée par la réflexion du concile Vatican II, bien qu’elle n’y soit pas explicitement développée. Les théologiens et le Magistère s’y emploieront ensuite. [24]

L’espérance à laquelle est finalisée la mission n’est-elle pas de voir le jour où « tous ceux qui participent à la nature humaine … ensemble… pourront dire « Notre Père »[25] ? Ce jour-là il n’y aura plus ni missions ni missionnaires, mais uniquement l’éternel échange d’amour trinitaire dans lequel tous auront leur place pour la plus grande gloire de Dieu.

+ Jean-Marc Eychenne – Évêque de Pamiers, Couserans et Mirepoix

Abréviations :

AL      Décret sur l’Apostolat des Laïcs (Apostolicam actuositatem) – Vatican II

AS      Acta Synodalia Sacrosancti  Concilii Œcumenici – Vaticani II

Typis Polyglottis Vaticanis 1970-1980

AG      Decret sur l’Activité Missionnaire de l’Eglise (Ad Gentes) – Vatican II

LG      Constitution Dogmatique sur l’Eglise (Lumen Gentium) – Vatican II

UR      Décret sur l’œcuménisme (Unitatis Redintegratio) – Vatican II

US      Collection Théologique – Unam Sanctam

[1] Acta Synodalia Sacrosancti  Concilii Œcumenici – Vaticani II – Typis Polyglottis Vaticanis 1970-1980

[2] « c’était là une requête absolument urgente : rapatrier la mission au cœur de l’Eglise, au centre le plus profond de son être et de son envoi. »

SCHUTTE, J., « Ce que la mission attendait du Concile », dans :Vatican II : l’activité missionnaire de l’Eglise, (US 67), Paris, 1967, p. 109

[3] Le premier schéma « de missionibus », présenté à l’assemblée des Pères du Concile le 17 Janvier1964, pouvait laisser à penser que l’on se référait à une activité de l’Eglise, en quelque sorte périphérique, non essentielle, concernant un petit nombre de spécialistes ayant reçu une vocation particulière : les missionnaires. Le document définitif, particulièrement en raison du travail sur les fondements théologiques de la mission, se situe dans une autre veine.

[4] CONGAR, Y. À mes frères, Foi Vivante -71, Paris, 1968, p. 18

[5]  Il s’agissait de penser la mission autrement que comme un devoir ajouté (« pensando la missione non più come una sorta di dovere aggiunto ») –

TANGORRA Giovanni, « La Chiesa secondo il Concilio », EDB, Bologna, 2007. p.236

[6] BOUYER, L ., L’Eglise de Dieu, Paris, 1970, p. 654.

[7] Épître aux Éphésiens 1, 9-10

[8] On peut se référer ici au décret conciliaire sur l’apostolat des laïcs, du 18 novembre 1965.

« Il y a dans l’Eglise diversité de ministères, mais unité de mission. Le Christ a confié aux Apôtres et à leurs successeurs la charge d’enseigner, de sanctifier et de gouverner en son nom et par son pouvoir. Mais les laïcs rendus participants de la charge sacerdotale, prophétique et royale du Christ assument dans l’Eglise et dans le monde leur part dans ce qui est la mission du Peuple de Dieu tout entier. » AL 1

[9] Intervention de Mr Eusèbe ADJAKPLEY, le 13 octobre 1965, AS, Vol IV, pars IV, pp. 328-330

[10] Evangelii Nuntiandi §73.

Ici le Pape Paul VI en viendra à parler aussi de ministères non ordonnés pour répondre aux besoins nouveaux de l’Église.

[11] Canon 517 §2

[12] « L’appel du Seigneur Jésus ne cesse de se faire entendre depuis ce jour lointain de notre histoire: il s’adresse à tout homme venu en ce monde.

De nos jours, dans une effusion renouvelée de l’Esprit de la Pentecôte, arrivée avec le Concile Vatican II, l’Eglise a vu mûrir en elle un sentiment plus vif de son caractère missionnaire et, dans un mouvement d’obéissance généreuse, elle a de nouveau écouté la voix du Seigneur qui l’envoie dans le monde comme «le sacrement universel du salut».

Allez, vous aussi. L’appel ne s’adresse pas seulement aux Pasteurs, aux prêtres, aux religieux et aux religieuses; il s’étend à tous: les fidèles laïcs, eux aussi, sont appelés personnellement par le Seigneur, de qui ils reçoivent une mission pour l’Eglise et pour le monde. » (Christifideles Laici §2)

[13] Des diocèses, sous la conduite des responsables de la Formation Permanente, et en partenariat avec les Jésuites, expérimentent cela depuis plusieurs années.

OBJECTIF : Profiter du temps du carême pour se mettre davantage à l’écoute de la Parole de Dieu ; discerner le chemin que cette parole creuse en nous et expérimenter l’accompagnement spirituel. Pour cela, sans quitter son lieu de vie, faire une retraite à la lumière de l’expérience d’Ignace de Loyola.

POUR QUI ? : Toute personne qui a un vrai désir d’approfondir sa relation à Dieu et qui est prête à prendre du temps pour la prière à partir de textes bibliques.

PAR QUI ? Une équipe de laïcs, de religieuses et de religieux de spiritualité ignatienne.

[14] La réflexion conciliaire parlera fréquemment des  « germes » ou des « semences » du Verbe, comme aux n° 11 et 15 de AG, qui suit le pensée du n° 17 de Lumen Gentium (LG). Il s’agit d’aller à la rencontre « des germes de bien » qui ont été semés par le travail de l’Esprit .

[15] Rapport du Synode 7 décembre 1985 :« le Concile Vatican II a affirmé que l’Eglise catholique ne rejette rien de ce qu’il y a de vrai et de saint dans les religions non-chrétiennes. Bien plus, il a exhorté les catholiques à reconnaître, préserver et promouvoir les valeurs spirituelles, morales et socio-culturelles qui se trouvent en elles. » II, D, 5.

[16] « L’Esprit se manifeste d’une manière particulière dans l’Eglise et dans ses membres ; cependant sa présence et son action sont universelles, sans limites d’espace ou de temps. Le Concile Vatican II rappelle l’œuvre de l’Esprit dans le cœur de tout homme, par les « semences du Verbe », dans les actions même religieuses, dans les efforts de l’activité humaine qui tendent vers la vérité, vers le bien, vers Dieu. »  – Redemptoris Missio n°28

[17] On peut se référer, par exemple, à l’intervention de Mgr KOPPMANN, le 8 octobre 1965, AS, Vol IV, pars III, p. 750.

 » Tacet autem schema praesentiam mali in mundo et  realitatem regni satanae, quod opponitur Regno Dei. Qui multos annos vitae suae  in campo missionali consumpsit, relitatem regni diaboli et praesentiam eius in mundo non semel manifeste expertus est. Etiam vitia gentilitatis clare videri opartet, nec licet ea silentio praeterire. Nam etiam realitate talium vitiorum comprobatur necessÎtas missionis. Ut eradicentur vitia gentilitatis est aItera pars indolis eschatologicae activÎtatis missionariae.  »

[18] A ce sujet, le synode réuni par le pape Jean-Paul II, à l’occasion du 20ème anniversaire du Concile Vatican II s’exprimait en ces termes:

« Il semble que dans les difficultés actuelles, Dieu veuille nous enseigner plus profondément la valeur, l’importance et la place centrale de la croix de Jésus-Christ. La relation entre l’histoire du salut et l’histoire de l’humanité doit être expliquée à la lumière du mystère pascal. Certes, la théologie de la croix n’exclut aucunement la théologie de la création et de l’incarnation, mais évidemment la présuppose. Chrétiens quand nous parlons de la croix, nous ne méritons pas d’être qualifiés de pessimistes, nous nous fondons sur le réalisme de l’espérance chrétienne. » (Rapport officiel, 7 dec. 1985, II, D, 2.).

[19] Analogiquement, c’est le problème de la discontinuité entre l’Ancien Testament et le Nouveau Testament.

[20] Cf. GEFFRE, Cl., éd., Théologie et choc des cultures, Paris, 1964, pp. 7-13

[21] Selon l’enseignement le plus clair du Concile, les hommes sont appelés à rendre gloire à Dieu en formant une unité qui est à l’image de l’unité des personnes divines. (cf LG 4 et UR2) L’Eglise, communauté des fils de Dieu par adoption, prolonge l’éternelle communion des trois personne divines. Le Cardinal Journet, artisans du Concile, la qualifiera « d’épanchement, d’extravasion de la vie trinitaire au sein du temps. » (Journet, C., L’Eglise du Verbe Incarné, Paris, 1942, III, P. 616)

Le fondement trinitaire et pneumatologique, de la vie de l’Eglise de sa mission, caractérise fortement l’ecclesiologie de Vatican II.

[22] On se référera, par exemple, à :

Mgr CORDEIRO, AS,Vol IV, pars IV, p. 150-151.

Mgr Van CAUWELAERT, AS,Vol.IV, pars IV, p. 302.

AG 7 répond en partie à leurs préoccupations.

[23] La réflexion conciliaire et post-conciliaire sur ce point se trouve bien synthétisée dans cette intervention du pape Jean-Paul II lors de l’Audience Générale du 9 septembre 1998 :

« Les «semences du Verbe» présentes et agissantes dans les diverses traditions religieuses sont un reflet de l’unique Verbe de Dieu, «qui illumine chaque homme» (cf. Jn 1, 9) et qui s’est fait chair en Jésus-Christ (cf. Jn 1, 14). Elles sont à la fois « un effet de l’Esprit Saint au-delà des limites visibles du Corps mystique » et qui « souffle où il veut » (Jn 3, 8) (cf. Redemptor hominis, nn. 6 et 12) ».

[24] L’exhortation apostolique post-synodale du Pape Benoît XVI, « Sacramentum Caritatis », du 22 février 2007, résume bien cet effort théologique et magistériel post-conciliaire. L’eucharistie y est présentée, (en continuité avec l’enseignement du Pape Jean-Paul II dans sa lettre du 24 octobre 2005, « Mane Nobiscum Domine ») comme « source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise ».

« Nous ne pouvons nous approcher de la Table eucharistique sans nous laisser entraîner dans le mouvement de la mission qui, prenant naissance dans le Cœur même de Dieu, veut rejoindre tous les hommes. La tension missionnaire est donc constitutive de la forme eucharistique de l’existence chrétienne. » (n°84)

[25]Il nous faut relire ici le n°7 du décret « Ad Gentes » et les notes, très riches, qui l’accompagnent :

« C’est ainsi qu’enfin s’accomplit vraiment le dessein du Créateur formant l’homme à son image et à sa ressemblance, quand tous ceux qui participent à la nature humaine, une fois qu’ils auront été régénérés dans le Christ par le Saint-Esprit, et reflétant ensemble la gloire de Dieu, pourront dire: « Notre Père » »