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Devenir des saints !

par | 1/11/2025

Nous sommes enfants de Dieu ! Bien sûr nous le savons, mais il est toujours bon de nous l’entendre redire. Oui, Nous sommes enfants de Dieu. Mais la première lettre de Jean nous livre aussi ces mots étonnants : « ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. »

Nous avons besoin de temps pour comprendre non seulement ce que cela veut dire, mais aussi ce que cela implique concrètement en chacune de nos vies d’être enfant de Dieu. Nous avons toute notre vie pour découvrir cela et transformer notre manière de vivre, pour vivre assurément comme des Fils et des Filles de Dieu. C’est cela, être appelés à la sainteté !

En installant plusieurs prêtres de notre diocèse dans la charge de curé, il m’est arrivé d’avertir l’assemblée paroissiale du risque qu’elle prenait en accueillant un nouveau curé, et surtout, d’avoir, sous sa houlette, à grandir en sainteté ! Grandir en sainteté, ce n’est pas vraiment un risque, mais la vocation de tout baptisé. Les catéchumènes qui demandent le baptême ont bien compris cela : ils aspirent à être saints devant la face de Dieu.

« Lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui » nous rappelle la Première Lettre de Jean. Devenir des saints et des saintes, c’est vivre comme Jésus. C’est ce que tant d’hommes et de femmes avant nous et autour de nous ont fait. L’Eglise nous les a donnés comme témoins, comme bienheureux, comme saints et saintes pour nous dire que devenir saint est aussi à notre portée !

Regardez Carlo et Pier Georgio qui viennent d’être canonisés. Ils disent par toute leur vie que choisir Dieu est chemin de bonheur. La maturité de Carlo Acutis sur l’eucharistie nous donne de découvrir que nous n’avons pas fini de comprendre le sens profond de l’eucharistie et des sacrements. Chaque saint, chaque sainte, y compris celles et ceux dont nous portons les prénoms, nous indiquent des chemins de conversion, de transformation profonde de nos vies pour les ajuster à la vie même de Jésus.

Alors oui, si nous comprenons cela, nous comprenons aussi ce chant des béatitudes que Jésus entonne au début de sa mission.

Heureux… ! L’invitation est réelle et tentante. Etre heureux, toujours un risque à prendre et à vivre. Etre heureux, c’est prendre le risque d’être envié par celles et ceux qui nous entourent. C’est, consciemment ou inconsciemment, inviter d’autres à nous rejoindre et à travers nous à rejoindre le Christ lui-même ! Il y a encore trop de chrétiens qui sont loin de ce bonheur des Béatitudes et qui se laissent torturer par des questions d’organisation de l’Eglise de la société et du monde.

Etre heureux, c’est d’abord un choix ! C’est le choix qu’ont posé des hommes et des femmes qui se sont donnés le sacrement du mariage. C’est le choix que des célibataires ont posé. C’est le choix que des hommes et des femmes ont posé en décidant d’engager toute leur vie à la suite du Christ en devenant religieux ou religieuse. Vos prêtres, vos diacres ont posé un choix du même ordre, et ils n’arrêtent pas de nous dire le bonheur qu’il y a à suivre le Christ !

Nous avons au cœur de la ville de Pamiers cette cathédrale et à l’ombre de cette cathédrale le Carmel où des femmes ont été pendant des siècles Permanence de prière, Signe de fraternité, Modèle de sainteté ! Il n’y a rien, absolument rien, de virtuel dans tout cela. Il y a la chair d’une vie donnée. Il y a le signe que suivre le Christ est un chemin possible. Le carillon de la cathédrale nous rappelle cela à toute heure du jour et même la nuit, par son silence.

Les Béatitudes sont le chant et le cri du début de la mission de Jésus. Heureux ! Oui, Heureux ! Heureux les pauvres ! Première de toutes les béatitudes, parce que ce n’est que pauvres, que les mains ouvertes, nous pourrons accueillir tout ce que Dieu nous donne !

Chaque béatitude nous révèle à la fois ce que va être la mission de Jésus, et ce à quoi nous sommes nous aussi appelés ! Le pauvre, le doux, le miséricordieux, l’artisan de paix, le cœur pur, l’assoiffé de justice, le persécuté, c’est Jésus lui-même, et toute sa vie nous révèlera ces visages qui sont le sien. Toute sa vie nous appellera à le suivre et à vivre comme lui !

La pauvreté n’est pas une option pour l’Église. Elle est un chemin de bonheur, un chemin de confiance. Elle est le lieu même de la rencontre avec le Christ. Au chapitre 25 de l’évangile de Matthieu, Jésus n’y va pas par quatre chemins. « J’avais faim, j’avais soif, j’étais malade ou prisonnier… vous m’avez visité, vous m’avez donné à boire… ou vous êtes passé à côté de moi ! »

La pauvreté est un chemin essentiel. Et Christ devient notre seule richesse !

Dans l’exhortation apostolique DILEXI TE que le Pape Léon vient d’adresser à l’Église, et que nous avons, je l’espère, tous lue et travaillée, le Pape Léon évoque le lieu de naissance de la sainteté :

« La sainteté chrétienne fleurit souvent dans les lieux les plus oubliés et les plus blessés de l’humanité. Les plus pauvres parmi les pauvres – ceux qui manquent non seulement de biens, mais aussi de voix et de reconnaissance de leur dignité – occupent une place spéciale dans le cœur de Dieu. Ils sont les préférés de l’Évangile, les héritiers du Royaume (cf. Lc 6, 20). C’est en eux que le Christ continue de souffrir et de ressusciter. C’est en eux que l’Église retrouve sa vocation à montrer sa réalité la plus authentique. » (Dilexi te N° 75)

Vivre les Béatitudes, c’est aussi entendre cet autre appel du Pape Léon dans Dilexi te :

« L’amour et les convictions les plus profondes doivent être nourris, et cela se fait par des gestes. Rester dans le monde des idées et des discussions, sans gestes personnels, fréquents et sincères, sera la ruine de nos rêves les plus précieux. Pour cette simple raison, en tant que chrétiens, ne renonçons pas à l’aumône. Un geste qui peut être fait de différentes manières, et que nous pouvons essayer de faire de la manière la plus efficace possible, mais nous devons le faire. Et il vaudra toujours mieux faire quelque chose que ne rien faire. Dans tous les cas, cela touchera notre cœur. Ce ne sera pas la solution à la pauvreté dans le monde, qui doit être recherchée avec intelligence, lutte et engagement social. Mais nous avons besoin de nous exercer à l’aumône pour toucher la chair souffrante des pauvres. » (Dilexi te N° 119)

Heureux les pauvres ! Heureux les doux ! Heureux les artisans de Paix ! Heureux les miséricordieux !

Tu veux être heureux ? Alors, suis le Christ ! Et surtout, choisi la manière dont tu vas le suivre et engager toute ta vie avec lui. Voilà, frères et sœurs en cette solennité de la Toussaint l’appel des Béatitudes qui résonne une fois de plus dans notre cœur et nous appelle à devenir saints et saintes ! Amen !

Mgr Benoît Gschwind – Homélie de la Toussaint

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