Le terme « carême » est encore connu au-delà même des frontières de l’Église. Mais ce temps liturgique, période de 40 jours[1] jusqu’au dimanche de Pâques[2], est souvent mal compris et il est bon d’en rappeler le sens.
La première dimension du carême est celle d’un temps lié au sacrement du baptême.
La liturgie et les Évangiles sont un véritable enseignement spirituel pour les catéchumènes. Ce cheminement est rythmé par la célébration des scrutins (du latin « scrutare » qui veut dire « regarder »). Il s’agit de laisser le regard de Dieu pénétrer le cœur pour une guérison, une libération, un pardon. Soyons attentifs aux belles prières qui accompagnent ces étapes. Prions pour les personnes qui seront baptisées lors de la veillée pascale, veillons à les accueillir dans nos communautés.
En lien avec la démarche synodale impulsée par le Pape François qui insiste sur la responsabilité de tous les baptisés dans la vie des communautés chrétiennes, redécouvrons toutes les richesses de ce sacrement. C’est un appel personnel et un germe de sainteté qui nous ont été confiés !
La deuxième dimension est liée à la Parole de Dieu qui se présente comme un chemin vers Pâques.
Durant cinq dimanches, la proclamation de l’Évangile nous invite à suivre le Christ sur la route qui le mène à Jérusalem.
Après le temps du choix décisif où notre liberté est restaurée (récit des Tentations (1ier dim.), vient le temps de la contemplation où le Christ Lumière parait dans sa gloire divine (récit de la Transfiguration, 2ième dim.)
Les trois dimanches suivants font entendre les évangiles traditionnels de l’initiation chrétienne : la rencontre avec la Samaritaine (Jésus Source d’eau vive), la guérison de l’aveugle né (Jésus lumière du monde), la revivification de Lazare (Jésus résurrection et vie).
Le dimanche des Rameaux, par la Lecture de la Passion, nous introduit dans le grand Drame de la Semaine Sainte. Nous sommes invités à revenir au centre de notre foi pour vivifier notre désir et découvrir l’extraordinaire nouveauté de la Bonne Nouvelle !
Le Carême est enfin un temps pour la pénitence et la conversion.
Les deux premières dimensions nous aident à comprendre ce dernier aspect. Il s’agit de faire rayonner dans toute notre vie le trésor reçu à notre baptême : devenir pleinement ce que nous sommes, des enfants du Père en Jésus Christ ! Les rappels évangéliques de l’action de Dieu nous montrent que lui seul peut transformer et guérir tout notre être : nous voulons nous ouvrir à l’action de l’Esprit et participer, chacun selon ses talents, à la vie de l’Église !
Une prière plus fervente et assidue, des renoncements (jeûne et partage) pour se décentrer de soi-même en s’ouvrant davantage à la Grâce du Seigneur, des résolutions – « petites, pratiques et précises », la (re)découverte du sacrement de la réconciliation, une attention particulière aux initiatives proposées en Église (actions du CCFD, démarches de conversion écologique…) nous aideront sûrement à avancer vers la joie de Pâques.
Bon chemin de carême à la lumière du Ressuscité !
P. Serge Billot
[1] Ce nombre se retrouve dans de nombreux récits bibliques : Les 40 ans passés au désert par le peuple hébreu en marche vers le Terre Promise, les 40 jours de pénitence des habitants de la ville de Ninive après la prédication du prophète Jonas, les 40 jours de Moïse sur le mont Sinaï et ceux du prophète Élie en route vers la montagne de l’Horeb. Mais ce sont les 40 jours de Jésus au désert, lors des Tentations, qui donnent à ce chiffre toute sa dimension symbolique en lien avec le carême.
[2] Attention, pour ce dénombrement les 5 dimanches de Carême et celui des Rameaux ne sont pas comptés. Cela donne : 6 semaines de 7 jours moins 6 dimanche soit 37 jours complétés par les trois jours du mercredi des Cendres et du jeudi et vendredi qui le suivent.