Appel à partager son expérience du confinement !

Suite à une initiative de D. Pizivin curé de Tarascon et à une proposition de notre évêque Jean Marc Eychenne, il est apparu que partager nos témoignages sur ce temps de confinement  serai une vraie richesse pour tous.

Nous vous proposons donc de  mettre par écrit et de  transmettre ce que vous vivez dans cette période si particulière.

Pour vous aider à le faire, voici quelques questions possibles mais vous pouvez tout à fait répondre en dehors de ce cadre.

1) Comment vivons-nous ce temps particulier ?

  • Quels actes d’attention aux autres avons-nous été amenés à faire ou à voir ?
  • Quelle place pour de nouveaux moyens de communication ?
  • Quels changements dansnotre relation à nous même, aux autres, à la nature ?
  • Quelles réflexions sur ce qui est essentiel dans notre vie ?
  • Quelles valeurs ont été appréciées ou redécouvertes ? Quelle place pour la Parole de Dieu ? Quelles répercussions sur notre foi ?

2) Et quelles perspectives ?

  • Qu’aimerions voir changer en nous et autour de nous ?
  • Quelles attentes par rapport à l’Église en général mais aussi dans notre Église locale en particulier ?

Pratiquement : répondre quand vous le souhaitez et au plus tard fin juin, soit par mail à ……. Soit encore en  déposant une lettre dans la boîte du presbytère.

Toutes les réponses seront reprises et, quand il nous sera permis de nous retrouver, nous pourrons alors tirer profit de tout ce qu’auront pu vivre et partager les uns et les autres.

Voici un exemple de partage possible, exprimé par Catherine Debout du Couserans :

                                            Réflexions suggérées « grâce » au confinement

 1 – Mise en valeur de « l’Eglise domestique »

Dans mon doyenné, devenu paroisse, la messe journalière, comme  celle du dimanche, est célébrée dans la chapelle du centre paroissial en visio-conférence ; considéré, au début, comme un moindre mal pour maintenir le lien du prêtre avec les fidèles et des fidèles entre eux.

Qu’avons-nous découvert ?

  • Une fréquentation plus importante pour la messe journalière qu’en temps normal, car les personnes éloignées géographiquement pouvaient y participer.
  • Le plaisir de se retrouver et de se donner des nouvelles avant le début de la célébration.
  • Vivre réellement un partage d’Evangile à la place de l’homélie : curieusementla timidité pour parler était, semble-t-il, atténuée par la situation virtuelle qui organisait l’espace différemment puisque nous étions tous chez nous. C’est là que nous retrouvions « l’Eglise domestique » des premiers temps du christianisme, avec une chair de vie quotidienne, un aboiement de chien, un bruit de vaisselle, un chat qui passe devant l’écran. La célébration rentrait directement dans nos vies.

2 – Retrouver l’Ecclesia

Nous retrouvions naturellement le sens de la communauté, nous connaître ou nous reconnaître, échanger les nouvelles. Et pourquoi ? C’est à cette occasion qu’une personne a fait cette réflexion : « et nous pouvions voir nos visages, sinon à la messe habituelle nous ne voyons que les dos ». Cette réflexion rejoignait une autre expression employée par les architectes pour qualifier la plupart de nos églises : des « églises autobus ».  Comment alors « faire communauté » derrière des dos ?

3 – Une racine du cléricalisme ordinaire, mis en lumière par le changement de lieu

            Les analyses depuis des mois, sinon des années, ont beaucoup souligné les abus de pouvoir, les emprises de toutes sortes de clercs. Personnellement j’ai fréquenté beaucoup de prêtres je n’ai jamais constaté ces dérives chez eux. Cependant je pense qu’il y a une raison de cléricalisme, insidieuse, et dont ils ne sont pas vraiment responsables, puisque cela remonte à des siècles ; mais en sont-ils toujours conscients ? C’est la disposition spatiale de la plupart des églises. Toutes les liturgies mettent le célébrant en scène dans le choeur, en situation d’acteur principal,  pour ne pas dire unique. C’est ce que l’oeil et l’oreille du fidèle pratiquant enregistrent souvent depuis son enfance, surtout s’agissant des plus âgés. Or les actes religieux, pour une grande part, se passent dans l’église ; et c’est uniquement dans le bâtiment église que le plus grand nombre de ceux qui s’identifient comme catholiques, situent leur vie de foi ; cela a modelé inévitablement le rapport prêtre-laïc. Dès lors comment les laïcs peuvent-ils comprendre l’incantation adressée aux baptisés, depuis « la nouvelle évangélisation », qu’ils sont « prêtres, prophètes et rois » ? Au pire ils veulent remplacer le prêtre, au mieux, ils ne comprennent pas vraiment ce que cela veut dire, dans l’état actuel des choses.

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Je n’oublie pas les efforts déjà faits depuis Vatican II.

Je ne dis pas qu’il faut raser les cathédrales et autres magnifiques bâtiments religieux  parce qu’ils sont trop grands et plus du tout adaptés à nos assemblées aujourd’hui. Et je ne dis pas non plus qu’il faut remplacer toutes les célébrations par des visio-conférences quand il y aura un retour à la normale. Je ne propose pas non plus de solutions, pour le moment,  mais de simples constats qui devraient ouvrir à une réflexion sérieuse sur la liturgie, sur les lieux où elle se déroule, sur d’autres formes possibles de célébrations, sur la place du prêtre dans et avec la communauté. Et à ce niveau là nous avons tous, me semble-t-il, à réfléchir.

Catherine Decout avril 2020