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Notre vie est-elle consacrée à Dieu ou « distraite » ?

par | 15/07/2020

Faire le point sur notre chemin de vie chrétienne ou de vie religieuse cet été

DE LA DISTRACTION À LA CONSÉCRATION : UNE INVITATION À SE CENTRER

Note : Il y a quelques années, sous le pontificat du Pape Benoît XVI, le Père Général Adolfo Nicolás a esquissé quelques points pour une éventuelle lettre à la Compagnie. Bien qu’il n’ait jamais écrit la lettre, il a partagé ces points avec quelques amis. Le texte qui suit, bien qu’encore approximatif et informel, exprime clairement l’orientation de sa pensée. Avec la permission du Père Nicolás, nous vous le transmettons maintenant.

Depuis quelques temps, nous nous sommes interrogés, nous, religieux, sur notre vie dans l’Église et sur la force et l’attrait de notre témoignage. Il ne faut pas une perspicacité extraordinaire ou une analyse profonde pour se rendre compte que ce que nous appelons « vie religieuse » a perdu quelque peu de son impact dans l’Église et en dehors de ses murs. Bien sûr, ce n’est pas universel. Certains groupes de religieux ont maintenu et même accru leur crédibilité par l’authenticité de leur vie, leur service auprès des pauvres ou la profondeur de leur prière. Cependant, les questions persistent. Qu’avons-nous perdu ? Où nous sommes-nous trompés ? Avons-nous mal compris notre appel au renouveau ? Sommes-nous sans projet ?

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Les Classiques comme modèles

J’ai relu quelques Classiquesde la vie religieuse : Ignace de Loyola, François-Xavier, Jean de la Croix, Thérèse d’Avila. Je les ai trouvés très revigorants pour le cœur. C’est comme revenir aux origines, au premier amour, à la première fois que j’ai pensé qu’il y avait quelque chose pour laquelle il valait la peine de donner ma vie entière. Je continuais à me demander : qu’est-ce qui était si présent en eux et que nous semblons avoir perdu ? Je pense que c’est le fait d’être totalement centrés. Ils avaient été capturés par l’Esprit, le feu, la vie et le style du Christ, et ils y étaient restés, totalement centrés, sondant ses profondeurs, reconstruisant leur vie entière autour de ce nouveau centre. Ils ont touché le fond de cette expérience, ils ont tout vécu à partir d’elle, brûlant avec elle, partageant le feu et la lumière avec les autres. Ils sont devenus lumineux pour des générations de personnes qui recherchaient les mêmes profondeurs ou qui étaient surprises de l’existence de telles profondeurs. Ces Classiques(faute d’un terme meilleur) étaient totalement centrés. Face à ces saints, nous semblons être grandement et, si vous me passez l’expression, stupidement « distraits ».

C’est à ce sujet que je veux partager quelques réflexions. Notez que je n’écris pas comme l’un des Classiques. Ils connaissaient bien Dieu et ont écrit sur la manière d’entrer profondément dans sa vie. Je connais bien les distractions – je suis presque un expert en la matière – et j’écrirai à partir de ce que je connais.

De « la distraction dans la prière » à « la distraction dans la vie »

Les distractions pendant les temps de prière furent une grande préoccupation pendant les premières années de ma vie religieuse. Dans ces noviciats d’antan isolés, presque cachés, quand nous cherchions quelque chose à dire dans les confessions hebdomadaires, les distractions dans la prière venaient toujours à la rescousse. Il m’a fallu de nombreuses années de lutte et d’échec pour réaliser que ma véritable distraction était dans ma vie, et non pas dans ma prière. J’étais distrait dans presque tous les domaines de ma vie, de mon travail ou de mes études. Pas étonnant que ma prière ait souffert du même malaise. Comment pouvais-je être centré dans la prière, alors que mon esprit et mon cœur étaient distraits par tant de choses ?

Cette constatation m’a grand ouvert la porte à la prise de la conscience et à l’une des méthodes ignatiennes de prière les plus traditionnelles : l’Examen. Comme beaucoup de mes amis dans la vie religieuse, je n’étais pas une mauvaise personne. Nous étions de bons compagnons, essayant de faire de notre mieux pour bien faire ce qu’on nous demandait, que ce fut la prière, l’enseignement, le football, ou l’aide à la liturgie de la Semaine Sainte. Nous chantions même bien. Mais nous étions « distraits ». C’est ce que je vois après avoir relu nos maîtres, les Classiques.

Les tentations faciles dans la distraction

Veuillez noter que je ne veux blâmer personne en particulier. Si nous étions distraits, c’est parce que les distractions étaient partout autour de nous. C’étaient généralement des distractions « au sens commun » de toute communauté humaine. La plupart du temps, ces distractions font tellement partie du « sens commun » que si vous ne les partagez pas, vous êtes considéré comme étrange, peu fiable et parfois même déloyal envers le groupe. J’inclurais ici tous les facteurs relatifs auxgroupessociaux, ethniquesou culturels. Il n’est malheureusement pas difficile de trouver des religieux profondément engagés dans de tels groupes, qui ont projeté sur eux ou sur des « causes » limitées tout l’idéalisme de leur jeunesse, au point de finir par devenir des leaders au service d’intérêts sociaux, ethniques ou culturels très limités. Et c’est une distraction puissante, quelque chose que je n’ai jamais vu une seule fois dans les Classiques.

Une autre des tentations « faciles » est l’identification affective avec des groupes qui souffrent d’une sorte de complexe. Je pense maintenant à des groupes qui, dans le passé, ont souffert de l’oppression ou de l’injustice et pour qui cette expérience vraiment mauvaise sert de motif pour revendiquer un état d’ « éternelle victime ». Parfois, des groupes qui ont été marginalisés dans le passé peuvent s’en servir comme levier pour vivre à jamais dans une situation privilégiée. Du fait que les personnes consacrées ont généralement bon cœur, elles sont facilement sujettes à cette distraction.

En d’autres termes, les religieux qui veulent représenter l’Evangile de Jésus-Christ ont tendance à être faibles face aux idéologies et à la pensée idéologique. Nous éprouvons de la difficulté face aux ambiguïtés et aux zones grises de la réalité. Ayant été formés pour un engagement total, nous projetons facilement la vérité totale sur tout engagement auquel nous nous sentons appelés, et nous devenons aveugles aux nuances, aux ambiguïtés et même à ce qui contredit une vision du monde « en noir et blanc ». Pendant un bon nombre d’années, nous avons été divisés dans nos congrégations religieuses – y compris dans la Compagnie – entre le secteur social et le domaine de l’éducation ; entre ceux qui servent les pauvres et ceux qui servent les élites. Nous avons justifié ou tenté de justifier théologiquement nos choix, sans nous rendre compte qu’il s’agissait vraiment d’une opération idéologique. Quelle distraction ! Nous n’avons pas toujours compris qu’une option préférentielle pour les pauvres était une option guidée par l’amour, à partir du cœur, de l’intérieur, comme lorsque Jésus éprouvait de la compassion pour les foules de pauvres. Une option pour les pauvres ne peut pas être « exigée » des autres, parce qu’elle doit provenir du cœur. Manquant de cette importante intuition, nous avons traduit « option préférentielle » par « obligation morale » et nous nous sommes sentis en droit de l’exiger de tous, sous la menace de les considérer moins chrétiens, moins engagés, moins évangéliques. En poussant à l’extrême, nous ne pouvions même plus les considérer comme des frères et sœurs ; c’étaient des traîtres à la cause de l’Evangile.

Le perfectionnisme comme distraction narcissique

Il ne faut cependant pas penser que toutes les distractions viennent de l’extérieur. Au moins l’une d’elles provient de la quête religieuse elle-même de la bonté, de l’obéissance à Dieu et de la croissance spirituelle. Nous l’avons appelée « perfectionnisme » et l’avons dépeinte avec des couleurs différentes selon les époques et les contextes. C’est une distraction ancestrale, mais elle a toujours été fatale pour la vision et la vie religieuses. Saint Paul, avec les premiers chrétiens, réagissant aux excès très particuliers et très visibles de certains groupes profondément engagés, l’appelait « pharisaïsme ». Nous l’avons rencontrée et nous en avons joué à travers les âges ; et nous avons toujours senti que ce n’était pas un problème pour le seul temps des Apôtres, mais que c’était une tentation, une réelle distraction, pour toutes les époques.

La psychologie moderne accorde beaucoup d’attention au phénomène de la préoccupation spéciale pour soi-même, pour sa propre image, pour les apparences ou pour la perception des autres. Certains appellent cela « narcissisme ». Cela correspond certainement au type de distractions auxquelles nous avons affaire. Nous sommes distraits, paradoxalement, par notre propre recherche de la perfection. Ici, les Classiquessont d’une grande aide. Ces hommes et ces femmes ont suivi le Christ inconditionnellement dans sa kénose, dans le dépouillement total de soi-même, et ils n’étaient donc pas distraits par quelque aspect du « moi » qui aurait pu se mettre en travers de leur chemin. Ils ont même utilisé un langage par conséquent « excessif » pour exprimer la totalité de leur centrage : « Je préférerais même souffrir malédiction que d’être coupé du Christ…», « no me mueve, mi Dios, para quererte…(ça ne m’émeut pas, mon Dieu, de t’aimer…) », « nada, nada, nada…(rien, rien, rien…) », « la troisième sorte d’humilité…», « ce que moi je vois blanc, croire que c’est noir…», et ainsi de suite.

La distraction perfectionniste peut être très subtile pour nous, jésuites. Elle n’est pas difficile à détecter (avec plus ou moins de signaux d’alarme !) en moi-même ou chez un autre individu, mais elle est plus difficile à identifier dans la collectivité ou l’institution dans laquelle nous travaillons. La distraction de base se complique encore de « distractions auxiliaires » comme la compétition, le besoin compulsif d’être à jour en matière de technologie, d’avoir des gadgets électroniques, d’utiliser de nouveaux moyens de communication, etc. L’institution peut avoir tendance à faire du « perfectionnisme » la norme pour un progrès mesurable et la garantie d’un avenir dans un monde de marchés difficiles. Il n’est pas étonnant que, sauf pendant les solennités de la Semaine Sainte, nous ne célébrons jamais « l’échec pour le Royaume de Dieu » dans la suite du Christ. Au lieu de cela, nous célébrons toujours et uniquement le succès. Cela ne contribue-t-il pas à nous distraire avec les mauvais choix ?

L’Ego, distraction numéro un

Bien sûr, la plus grande et la plus centrale de toutes les distractions est soi-même. Notre ego ne se repose jamais et attirera toujours sur lui notre attention. Sans pour autant minimiser le rôle des « agents spirituels » – bons ou mauvais –, nous pouvons dire sans risque de nous tromper que l’ego est la plus grande source de distraction au cours de notre vie.

La distraction a lieu lorsque notre esprit et de notre cœur focalisent leur attention au mauvais endroit. Vivre des contradictions ou des difficultés, parfois même très graves, fait partie de la vie et de la communication de l’Evangile. La personne véritablement spirituelle vit cette expérience avec une immense liberté intérieure qui l’amène à une plus grande intimité avec Dieu, avec la vérité et avec les plus petits qui sont les vrais spécialistes de la souffrance. Ceux qui sont moins spirituels souffrent dans les difficultés et les considèrent toutes comme un complot contre eux-mêmes. Ils se sentent persécutés et, naturellement, perdent leur paix intérieure et leur joie. Se concentrer sur le soi incompris ou blessé finit par devenir une gigantesque distraction.

Un processus similaire a lieu lorsque, au moment de prendre une décision, nous ne sommes pas centrés sur la volonté de Dieu, que je ne peux jamais contrôler ou diriger, mais sur l’opinion des autres, que ce soit l’opinion la plus répandue ou l’opinion de ceux que nous affectionnons, aimons ou admirons. C’est ce que j’appellerais la « distraction de la popularité » ;celle-ci advient lorsque le lieu et le processus de notre prise de décision glissent d’un processus de discernement, toujours trop long et jamais contrôlé, à une plus facile dynamique de sentiment et d’action de groupe, même s’il s’agit de personnes saintes et honorables.

Cela se produit également lorsque nos horizons humains et spirituels se rétrécissent. La façon la plus courante pour que cela se produise est, évidemment, lorsque nous tombons amoureux de nos propres opinions, surtout si nous pensons que ces opinions sont intelligentes, les meilleures au monde. Nous pouvons être tellement distraits par nos propres opinions que, si nous en venions à les énumérer, nous n’en finirions jamais. Quand saint Ignace offre à ceux qui terminent les Exercices Spirituels quelques règles « pour avoir le vrai sens qui doit être le nôtre dans l’Église militante », il essaie de les aider à se libérer de cette distraction des horizons étroits. Les mots semblent durs et difficiles à accepter, mais ce que le saint voulait, c’était la liberté, l’ouverture à quelque chose de plus grand que quelques idées, même si elles se trouvent être les miennes.

L’importance de cette liberté devient évidente si, au lieu d’opinions personnelles, nous parlons d’idéologies et de choix idéologiques. Combien de décisions personnelles ou même collectives, décrites comme le résultat d’un discernement individuel ou communautaire, ne sont en réalité que des choix idéologiques habillés dans le langage du discernement, mais issus d’un processus qui ne ressemble que par la forme à un véritable discernement ? Dans de tels cas, même la théologie fonctionne comme un instrument pour les intérêts idéologiques et devient une distraction.

La distraction de l’ego est plus puissante lorsque la communauté, ou la relation spirituelle avec la communauté, s’estompe ou disparaît. Nous, personnes consacrées, nous nous sommes engagés à trouver ensemble la volonté de Dieu, comme corps, comme communauté de foi, de mission et d’amour. Ici se trouve le vrai sens de l’obéissance, ce vœu souvent mal compris des religieux. La mauvaise nouvelle, c’est que c’est très difficile, surtout pour les plus visionnaires, les plus intelligents, les plus dévoués à une cause importante ou une autre. Il est toujours beaucoup plus facile d’aller seul, selon son inspiration personnelle (surtout mentale ou affective). Curieusement, il est plus facile de se nommer prophète que de discerner avec les autres et d’avoir à traiter humblement avec les faiblesses de notre pensée ou de nos suggestions. Nous pouvons devenir des prophètes en dehors de la communauté, jusqu’à ce que ceux qui détiennent l’autorité veuillent nous faire taire ; et alors nous courons vers la communauté pour y trouver protection, en blâmant encore parfois la communauté ou ses supérieurs pour leur manque de compréhension, de courage, de vision et de soutien. Il n’y a pas de mauvaise volonté délibérée. Il y a beaucoup de bons désirs, beaucoup de vision, une grande détermination à faire la différence… et néanmoins nous sommes distraits !

Distractions des médias et du marché : gadgets, internet…

Ces distractions sont les plus courantes et les plus faciles à détecter. Elles sont juste en face de nous tous, et peu d’entre nous pourraient revendiquer une immunité totale ou partielle à leur égard. Elles ne sont donc pas les plus dangereuses. Nous avons certainement besoin de ces médias et de certains de ces gadgets. Ce n’est pas la question ici. Mais pourquoi avons-nous l’impression d’être en quelque sorte inférieurs si nous ne sommes pas à la page ? Pourquoi nous sentons-nous si mal d’être différents ? Pourquoi est-il si important pour nous d’être reconnus, de faire partie de l’équipe ?

Peut-être que nous continuons d’être distraits parce que nous ne décidons plus. Nous avons permis aux médias de définir une nouvelle orthodoxie, un nouveau canon de « vérité » qui n’est plus la vérité, mais une opinion publique délibérément construite et non critique. L’évolution de la nouvelle culture de l’information nous confronte à des choix fondamentaux. Voulons-nous de l’information ou de la compréhension? De la rapidité ou de la profondeur ? Etre centré sur le Christ ou surfer sur le web ? Je sais que ce ne sont pas des choix exclusifs et qu’aucun d’entre nous ne rêverait de les rendre tels, mais ils peuvent devenir aussi réels dans notre vie sans attention que toute autre distraction.

Distractions de la superficialité en matière religieuse : pour ou contre les coutumes, habitudes, traditions, rituels, dévotions, positions, théories.

Ce sont des distractions qui nous affectent particulièrement, nous jésuites, vu notre longue formation intellectuelle. Elles nous affectent quand notre croissance intellectuelle ne s’achève pas dans la prière, dans l’adoration, dans le ministère. Elles sont particulièrement perturbantes parce qu’elles se produisent à l’intérieur de l’Église et dans notre vie de foi. Nous avons tendance à penser : « ce qui ne correspond pas à mes théories n’a pas de sens » ; « si je n’y trouve pas de sens, c’est que cela n’a pas de sens ». Et je suis plutôt intolérant avec les non-sens. Ensuite, il y a la position immature typique du « tout ou rien » : je me convaincs que « si je ne suis pas d’accord, c’est que c’est un non-sens ». Saint Ignace a coupé court à ces tendances avec ses règles pour avoir le vrai sens dans l’Église. Il ne se souciait pas de ce qui avait du sens pour lui, mais de ce qui avait du sens pour les gens, les gens simples de son temps, les simples fidèles dans l’Église. Nous avons parfois tendance à nous vanter : « Moi, je ne fais jamais l’éloge de ce que je n’aime pas. » Ignace nous dit de louer tout ce qui aide les gens dans leur dévotion, leur prière, leur sentiment de proximité avec Dieu et son Église. Ses règles ont une couleur et une direction fortement pastorales. Avec elles, Ignace nous dit de ne pas nous laisser distraire par nous-mêmes, par nos idées, nos goûts et nos aversions, nos opinions et nos théologies, mais de considérer les gens qui marchent et qui vivent en présence de Dieu. Oublier ce qu’on est et se battre pour la vie de ces gens.

Les grands jésuites m’apparaissent comme des hommes d’une seule pièce: entiers, dévoués, cohérents, focalisés et pas le moins du monde distraits.

Un examen plus attentif de notre histoire jésuite peut nous aider. Nous sommes tous très fiers, à juste titre, de notre histoire et des grands hommes qui la peuplent. Quand je les regarde du point de vue de nos distractions, ce qui me frappe en chacun d’eux, c’est leur dévouement total à leur vocation et à leur mission. Ce sont des hommes qui ont tout donné et qui demeurent focalisés sur le but ultime de leur don de soi : Dieu et le service de son Royaume. Il serait trop long de développer comment chacun a pu s’acquitter de cet engagement totalement focalisé. Rappelons-nous simplement quelques noms, auxquels d’autres pourraient s’ajouter en nombre non négligeable :

• Les fondateurs: Ignace, Xavier, Favre…

• Les créateurs: Anchieta, Vieira, Castiglione, Pozzo…

• Les pionniers: Ricci, De Nobili, Brébeuf, Teilhard, Arrupe…

• Les mystiques: Ignace, Xavier, La Colombière, Teilhard…

La mémoire de ces hommes m’apparaît comme une invitation à aller au Centre ; le Centre en Dieu et le centre de nous-mêmes et de notre vocation dans la Compagnie et dans l’Église. La vocation et la mission que nous avons reçues du Seigneur et que nous avons héritées de nos prédécesseurs ne nous permettent pas d’être des disciples ou des serviteurs « distraits ». Le Seigneur continue d’appeler des frères et des amis à suivre son Fils, des personnes qui sont prêtes à tout donner pour son rêve de salut en faveur de l’humanité entière. La tâche demeure aussi immense et exigeante que jamais. La réponse aussi doit être totale, concentrée, aussi concentrée que jamais ou même plus, parce que nous commençons à comprendre que le plan de Dieu a toujours été un projet pour l’univers et pas seulement pour la famille humaine. La présence de Dieu à toute création redéfinit notre mission avec les échos de la Genèse et de Paul, mission renouvelée dans les récents appels du Saint-Père Benoît XVI. Une fois de plus, nous entendons Ignace nous rappeler que ceux qui veulent se distinguer au service d’un tel Seigneur offriront toute leur vie à cette tâche…

Et voici la prière qui accompagne cette lettre : que nous répondions tous de manière renouvelée à l’appel incessant de notre Seigneur Jésus pour le bien de l’Église, de l’humanité et de l’univers.