Contre toute attente, ce que la bouillante Greta n’aura pu obtenir avec ses cohortes de jeunes et ses appels dignes d’un prophéte de l’ancien testament, un petit virus de rien du tout venu d’extrême orient l’aura obtenu : l’arrêt soudain et presque total de l’activité humaine industrielle et commerciale à l’échelon planétaire !
Merveille pour Dame nature donc…
Oui mais…
Le virus tue : malgré l’arsenal médical des puissances dites développées des dizaines de milliers de vies sont fauchées, les personnels médicals dont la condition attire enfin sur elle l’attention des gouvernants paient aussi un lourd tribut. Et le confinement qui pour certains s’apparente à des vacances prolongées génère des drames familiaux.
Des millions de personnes se retrouvent sans possibilité de travailler et de ramener l’essentiel pour vivre dans leur foyer. Tant de commerçants, de patrons, d’artisans perdent ce pour quoi ils avaient tant travaillé. Des millions d’enfants et de jeunes sont privés d’école, du seul repas, de la seule trêve qu’ils avaient dans leur vie précaire pour sortir de leur condition, apprendre, jouer, oser rêver à un avenir meilleur !
Souhaitons qu’aprés cette pandémie des enseignements soient tirés, des solidarités soient créées, des priorités soient fixées, différentes de celles d’avant, construites non plus sur la finance, la croissance, la rentabilité mais sur l’accés aux soins pour tous, un système de santé de qualité prenant soin à la fois de ses professionnels et de ses usagers avec des EHPADs dégagés de leurs objectifs de compétitivité déshumanisants !
Le mouvement Emmaüs est un morceau de cette humanité choquée. Il reçoit le virus comme tout le monde : avec stupéfaction, crainte, inquiétude mais aussi envie de changer, d’évoluer vers un modèle plus respectueux de l’environnement et de l’humain.
Comme tous les commerces et établissements non prioritaires, nous nous sommes mis à l’arrêt et confinés.
Notre vie tournait autour de nos 3 brics à brac de Pamiers, Lavelanet et St Girons : 36 compagnons et 7 salariés mis au repos forcé du jour au lendemain avec respect des consignes.
Alors que fait on de nos journées ?
Les compagnons de St Jean du Falga ont la chance d’avoir un grand terrain sur lequel ils construisent un projet d ‘exploitation maraîchère en permaculture : au printemps ce n’est donc pas les occupations qui manquent : ils ont du monter les 2 tunnels de maraîchage, finaliser les semis, planter les pommes de terre, installer les irrigations … de beaux chantiers collectifs.
Bien sûr il faut bien manger : alors les cuisiniers continuent à faire chanter les casseroles.
Emmaüs Ariège est aussi investi dans l’accueil hivernal : les compagnons proposent au 115, 7 places à St Jean du Falga, 6 à Pamiers et une à Lavelanet. Avec le confinemeent, les personnes accueillies peuvent rester toute la journée et la période sera prolongée du 1er avril au 31 mai. C’est un petit rayon de soleil pour ces hommes parfois mineurs qui connaissent une précarité de tous les jours. A St Jean ils aident aux cultures, au ménage …
A Pamiers, les compagnons proposent un accueil de jour pour les 6 hommes accueillis la nuit grâce au soutien de la DDCSPP. Bref, sur ce dispositif, ce sont 5 compagnons investis.
Tout récemment aussi, Monsieur le Sous-Préfet de St Girons nous a demandé si nous pourrions donner un coup de main aux associations dont les bénévoles âgés devaient rester confinés : nous avons accepté tout de suite.
Concrètement nous aidons les Restos du Coeur de Pamiers et Artigat à acheminer les denrées jusqu’au centre et à préparer les colis alimentaires.
Bref, on ne s’ennuie pas.
Bien sûr il y a les déceptions : 2 conteneurs humanitaires dont un avec du matériel médical que nous devions envoyer au Bénin comme chaque année et qui ne pourront pas partir à la date prévu. Le 3ème festival du livre de la Tour du Crieu qui sera reporté. Le projet « académie des savoirs utiles » destinés aux 14-17 ans qui devra être reporté à 2021. Les 20 ans d’Emmaüs Ariège que nous devions fêter fin mars, la braderie de Pamiers et Lavelanet, seront aussi reportés !
Nous pensons ausssi à tous nos bénévoles contraints de rester chez eux et qui souffrent de cette séparation avec les compagnons mais aussi avec les clients de nos brics à brac. Et c’est à eux aussi que nous pensons : ceux qui nous permettent de vivre en venant acheter chez nous, en nous donnant leurs objets …
Beaucoup font partie de la famille Emmaüs !
Mais dans tout ça, dans ces moments d’incertitude qui peuvent déstabiliser, nous voulons rester actifs, au service des plus souffrants et fragiles.
Alors que ceux qui liront cet article n’hésitent pas à nous solliciter en cas de besoin : nous serons là !
Le Responsable d’Emmaüs Ariège et les compagnons.