Passer du « je » au « nous ».

par | 21/02/2019

Passer du « je » au « nous »…

Un des défis majeurs de la vie chrétienne, ou de la vie spirituelle, est de faire passer au second plan la préoccupation de nous-même pour donner la première place à l’autre, et aux autres. C’est le challenge que tentent de relever, le couple, la famille, et la communauté croyante. La culture contemporaine fortement imprégnée d’individualisme rend sans doute la démarche plus complexe encore. Comment donner la priorité aux besoins de l’autre plutôt qu’à la satisfaction de mes désirs ? Comment glisser d’une logique d’accumulation des biens à la solidarité ? Comment renoncer à ma tranquillité pour vivre l’hospitalité ? Comment apprendre à me taire pour laisser à l’autre un espace d’expression ?

Il semble que le Christ, quand il répond aux disciples qui lui demandent de leur apprendre à prier, veuille les inviter à former et à cultiver leur unité. Il ne leur dit pas « Quand vous priez dites MonPère… », mais « Quand vous priez dites NotrePère… » (Lc 11, 2), comme s’il ne pouvait pas y avoir de prière authentique adressée à Dieu le Père, sans que de vraies relations fraternelles existent d’abord.

Et si le défi prioritaire que nous avons à relever pour rendre nos communautés chrétiennes plus attractives était d’abord celui de la fraternité, du sens de l’accueil, de l’attention aux plus fragiles, plutôt que celui de la qualité de nos liturgies, ou du contenu de nos enseignements… Et si nous étions appelés à refléter d’abord le NOUS Trinitaire (communion du Père, du Fils et de l’Esprit), dans la vie de nos communautés locales… Ne devrions-nous pas nous préoccuper de cela toutes affaires cessantes ?

« J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. » (1 Cor 13, 1) Il ne s’agit donc pas de faire des choses, aussi sublimes soient-elles, mais de les faire ensemble. Demandons au Seigneur de nous accorder cette grâce, car cela ne nous est nullement naturel ou spontané. Le Libérateur vient me délivrer de l’esclavage de moi-même pour m’ouvrir à la présence des autres.

+ Jean-Marc Eychenne – Évêque de Pamiers, Couserans et Mirepoix