Invités à une conversion communautaire.
Après s’être adressé aux chrétiens du Chili, la pape François vient d’écrire (le 20 août) à l’ensemble du Peuple de Dieu. Il reprend cette analyse le conduisant à dire que notre culture d’Église, quand elle est trop marquée par le cléricalisme, devient une culture de l’abus (abus d’autorité, de pouvoir) pouvant conduire aux pires déviations.
Il nous invite alors, de façon pressante, à modifier en profondeur notre mode de gouvernement, en nous mettant devant le Seigneur et son Évangile. « Vous le savez : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mt 20, 25-28)
Il nous faut nous engager résolument sur ce chemin, ce n’est pas négociable. Nous avons trop tardé à mettre en œuvre l’ecclésiologie de « Lumen Gentium », fruit du travail de l’Esprit dans un Concile Œcuménique. Nous devons prendre un nouveau départ et nous engager sur le chemin de la coresponsabilité entre tous les baptisés.
« L’ampleur et la gravité des faits exigent que nous réagissions de manière globale et communautaire… il est nécessaire que chaque baptisé se sente engagé dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin… Il est impossible d’imaginer une conversion de l’agir ecclésial sans la participation active de toutes les composantes du peuple de Dieu. Plus encore, chaque fois que nous avons tenté de supplanter, de faire taire, d’ignorer, de réduire le peuple de Dieu à de petites élites,nous avons construit des communautés, des projets, des choix théologiques, des spiritualités et des structures sans racine, sans mémoire, sans visage, sans corps et, en définitive, sans vie…[2]Cela se manifeste clairement dans une manière déviante de concevoir l’autorité dans l’Eglise … comme l’est le cléricalisme, cette attitude qui « annule non seulement la personnalité des chrétiens, mais tend également à diminuer et à sous-évaluer la grâce baptismale que l’Esprit Saint a placée dans le cœur de notre peuple »[3]. Le cléricalisme, favorisé par les prêtres eux-mêmes ou par les laïcs, engendre une scission dans le corps ecclésial qui encourage et aide à perpétuer beaucoup des maux que nous dénonçons aujourd’hui. Dire non aux abus, c’est dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme. »
Il est tout de même difficile d’être plus clair…
+ Jean-Marc Eychenne – Évêque de Pamiers, Couserans et Mirepoix
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[2] Cf. Lettre au peuple de Dieu en marche au Chili, 31 mai 2018.
[3] Lettre au Cardinal Marc Ouellet, Président de la Commission Pontificale pour l’Amérique Latine, 19 mars 2016.