L’arrivée en grand nombre de migrants et de réfugiés dans les pays européens en ces dernières années fait couler beaucoup de salive et d’encre. Certains y voient une menace pour la sécurité et pour les ressources disponibles. Ils préconisent la limitation draconienne de leur arrivée, leur reconduite à la frontière et dans leurs pays d’origine et même la fermeture des frontières (en construisant des murs !). D’autres par contre y voient une chance. Individuellement, en famille, en institutions publiques, en associations et en organisations, ils les accueillent à bras ouverts et organisent leur intégration dans les pays d’accueil. Ils vivent un rendez-vous de donner et de recevoir qui enrichit tout un chacun.
Le pape François s’est saisi de ce phénomène d’actualité et d’une importance capitale pour en faire le sujet de son message de la paix, le 1er janvier 2018. « Les migrants et les réfugiés : des hommes et des femmes en quête de paix ». Le phénomène est d’une grande ampleur : plus de 250 millions de migrants dans le monde dont 22 millions et demi sont des réfugiés (§1). Des hommes, des femmes, des enfants, des jeunes et des personnes âgés. Certains fuient les guerres, les conflits, les génocides, les persécutions et les « purifications ethniques » ; d’autres fuient la pauvreté, les intempéries et la dégradation environnementale. Selon le pape, tout indique que ce phénomène de migrations continuera à caractériser notre avenir(§2).
Pour le pape François, la question des migrants et des réfugiés est d’abord une question de regard nourri par la foi (§3). Il s’agit d’êtres humains qui ont droit à la vie, à la dignité, à la justice et à la paix. Ils ont des droits élémentaires que l’on ne peut leur refuser : l’alimentation, l’habillement, le logement, la protection, l’instruction, etc. Ils sont également des enfants de Dieu qui veut la vie et le bonheur de tous. Ensuite, les migrants et les réfugiés n’arrivent pas les mains vides : « ils apportent avec eux un élan de courage, leurs capacités, leurs énergies et leurs aspirations, sans compter les trésors de leurs cultures d’origine » (§3). Il revient donc aux responsables du bien public de pousser les politiques d’accueil jusqu’au maximum « de la mesure compatible avec le bien réel de leur peuple » (§3). A cet effet, quatre pierres angulaires peuvent guider leur action. Accueillir, i.e. « étendre les possibilités d’entrée légale » (§4) ; protéger, i.e. « reconnaître et garantir l’inviolable dignité de ceux qui fuient un danger réel en quête d’asile et de sécurité et empêcher leur exploitation » (§4) ; promouvoir, i.e. soutenir leur développement humain intégral, spécialement les plus vulnérables (§4) ; intégrer, i.e. « permettre aux réfugiés et aux migrants de participer pleinement à la vie de la société qui les accueille » (§4). Pour le pape, pratiquer une politique d’accueil qui va jusqu’à l’intégration des migrants et des réfugiés, c’est semer la paix entre les sociétés ; tandis que soutenir une politique de fermeture, c’est semer la violence, la discrimination raciale et la xénophobie.
La question des migrants et des réfugiés reste posée et ouverte au débat. Son approche nécessite de chercher et de trouver également des solutions aux raisons qui provoquent toutes ces migrations et ces départs. Ce qui renvoie à la responsabilité des autorités dans les pays d’origine qui laissent leurs enfants prendre tant de risques de noyade, d’esclavage, d’errance et d’exil loin des pays qui leur ont donné naissance. Et l’ONU, remplit-elle suffisamment sa mission de gérer des « migrations sûres, ordonnées et régulières » (§5) ?
Jean KADENDE
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