Un diocèse sans évêque comment ça marche ?
Durant la période où un diocèse est en attente d’évêque – la vacance de siège – le Droit de l’Église fixent des règles qui permettent une bonne gouvernance.
Il y a tout d’abord l’élection d’un administrateur diocésain par un groupe de prêtres (appelé Collège des Consulteurs), désignés par l’évêque lors de son mandat. L’administrateur, comme son nom le suggère, ne doit pas apporter des innovations dans la situation pastorale ou économique du diocèse : il gère seulement les « affaires courantes ». Il réunit régulièrement le Collège pour partager les difficultés qui peuvent se présenter et échanger sur les décisions à prendre. En cas de problèmes majeurs, il est prévu d’en référer à l’Archevêque dit « métropolitain », en l’espèce celui de Toulouse.
En l’absence d’évêque, différents Conseils sont supprimés, les deux principaux étant le Conseil Épiscopal et le Conseil presbytéral.
Le premier rassemble des personnes (clercs ou laïcs) choisis par l’évêque et qui participent à des orientations ou des décisions touchant les domaines les plus variés : la pastorale bien sûr mais aussi les embauches, les changements de poste, les difficultés imprévues à gérer. Des comptes rendus ont été publiés dans de nombreux numéros de l’ECA sur les thèmes abordés.
Le second conseil se compose, en Ariège, de tous les prêtres : un bureau élu prévoit et organise les réunions. Qualifié de « Sénat de l’évêque », c’est une assemblée qui peut aborder des thèmes pastoraux, économiques ou même sociétaux. Sa suppression n’empêche pas les prêtres de se retrouver pour des temps conviviaux. La Fraternité diaconale demeure et continue ses rencontres.
D’autres instances persistent pendant la vacance, en particulier le Conseil pour les affaires économiques. Le Chancelier et l’Économe restent en place. Les différents services pastoraux continuent leur mission et les instruments de communication perdurent.
Et pour le choix de l’évêque ?
Les procédures de nomination n’ont pas toujours été les mêmes au cours de l’histoire. Aujourd’hui encore, elles ne sont pas identiques selon les pays. En France, en dehors des diocèses dits « concordataires » (Alsace-Moselle) et de quelques autres, le modus operandi est le suivant.
Deux cas se présentent. La personne pressentie peut déjà être un évêque : il s’agit alors d’un changement de diocèse, avec l’accord de l’intéressé. Ce n’est pas seulement un acte « administratif » car les liens entre le Peuple de Dieu et son pasteur impliquent l’Église dans toutes ses dimensions : il y a toujours une liturgie pour l’installation (« prise de possession du siège »). Ce fut le cas pour Mgr. M. Perrier.
L’autre cas est celui où c’est un prêtre qui est choisi : il devra alors être ordonné évêque. Ce n’est pas aux prêtres de poser leur candidature ! Les évêques en fonction, soit en se concertant, soit isolément, indiquent les noms de prêtres qu’ils jugent aptes à ce ministère. Il appartient au Nonce apostolique – l’ambassadeur du Vatican en France – de s’informer sur chacun d’eux, en interrogeant, avec précision et sous le sceau du secret, les personnes les plus à même de les connaître. Ces personnes consultées peuvent être des prêtres, mais aussi des religieux ou religieuses et des laïcs. Chacun peut aussi donner d’autres noms de personnes à consulter.
C’est à partir de cette liste que le Nonce propose des noms à la Congrégation pour les évêques à Rome. Il joint un dossier informatif sur ces personnes et aussi sur le diocèse concerné. La Congrégation donne son avis au pape à qui appartient la nomination. Le candidat pressenti est ensuite informé, il est libre d’accepter ou de refuser. S’il accepte, le gouvernement français est prévenu puis l’annonce officielle est publiée. Tout cela prend quelques mois mais les délais sont allongés s’il y a eu refus.
Pour notre diocèse entre les belles montagnes des Pyrénées, l’accueil ariégeois et les ours qui vagabondent il y a toutes les raisons pour accepter et s’empresser d’en devenir l’évêque !
Père Serge Billot, administrateur diocésain