Lettre aux prêtres et aux diacres

Chers frères, prêtres et diacres,

C’est depuis l’Abbaye Saint Benoît d’En Calcat, que je vous écris ces quelques lignes. J’y suis en retrait, pour quelques jours, avant de m’efforcer de faire face à la nouvelle mission que le Seigneur et son Église, par la voix du Pape, me confient aujourd’hui.

Nous partageons la même humanité et la même consécration baptismale, mais il y a aussi un lien spécifique nous unissant, en raison du sacrement de l’Ordre – selon ses trois degrés – qui nous configure au Christ de façon particulière.

Les prêtres d’abord et, d’une autre façon, les diacres, sont les principaux collaborateurs de l’évêque dans la responsabilité qui lui est confiée, marquée au sceau de la Succession Apostolique. À ce titre, nous avons cheminé ensemble pendant presque huit ans, et annoncé à temps et à contretemps, en collaboration avec tous les baptisés, le Christ et son Évangile. Pour que cette annonce soit féconde nous avons veillé à rester en communion et nous avons cultivé notre unité.

Ce faisant le Seigneur a permis, par sa grâce, que de très belles réalités voient le jour. Cela suscite notre émerveillement et notre action de grâce. Chacun de nous pourrait mettre en avant telle ou telle expérience de son ministère, qui lui a donné à voir l’action de Dieu, dans le cœur, d’hommes de femmes, de jeunes et d’enfants. Ce fut comme des fleurs surgissant de la lande lorsque la pluie marque enfin le terme de la sécheresse. Ensemble, le Seigneur nous a rendus capables de cela.

Parfois, y compris par ma faute, nous avons été en deçà de ce que le Dieu, son Peuple, et aussi le monde, auraient été en droit d’attendre de nous. Nos engagements, aussi nobles soient-ils, gardent l’empreinte de nos limites et de nos péchés. Nous en demandons humblement pardon au Seigneur et lui confions aussi le soin de réparer ce qui peut l’être, quand nous ne savons pas, ou plus, comment nous y prendre. Peut-être faudrait-il parfois nous accorder des pardons mutuels…

Notre église diocésaine a connu de réelles avancées dans la perspective d’une dimension missionnaire renouvelée, malgré la pauvreté de nos moyens et sans doute aussi « grâce » à la pauvreté de nos moyens « …ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi… » (1 Cor 1, 27).

L’appauvrissement nous a obligés, collectivement, à être attentifs au souffle de l’Esprit, aux charismes accordés à chacun, et donc à être inventifs ! Nous disons « nous », car ces ouvertures nouvelles ne sont pas le fruit de l’engagement d’un seul (fût-il l’évêque), ou de quelques-uns seulement. Ce que nous relisons aujourd’hui c’est le chemin parcouru par l’ensemble de notre Église qui est en Ariège. Puisse l’appel du Pape François, à être sur un tel chemin synodal, continuer à être entendu afin que les paroles et les initiatives, inspirées de l’Esprit du Seigneur, puissent être accueillies avec discernement et grande bienveillance.

Ce 6 octobre, fête de Saint Bruno, fondateur de la Grande Chartreuse (qui se trouve dans le diocèse de Grenoble-Vienne) nous demandions à Dieu, dans l’Oraison « … qu’au milieu de l’agitation (des préoccupations) de ce monde, nous sachions rester libres pour Le suivre. »

Qu’une mission nous soit confiée ici ou là ; qu’elle soit confiée à celui-ci ou encore à cet autre ; que nous voyons partir, arriver, ou que nous attendions, un pasteur, ces réalités restent très secondaires au regard de ce qui compte vraiment : suivre le Christ.

Demandons au Seigneur la grâce de pouvoir nous trouver dans cette attitude intérieure.

+ Jean-Marc Eychenne – le 7 octobre 2022

Administrateur Apostolique du Diocèse de Pamiers, Couserans et Mirepoix

Évêque nommé du diocèse de Grenoble-Vienne